Le « ras-le-bol fiscal », ras-le bol !

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Réduire le débat sur la politique économique au montant des hausses d’impôt, c’est le degré zéro du débat public. C’est surtout une façon de discréditer toute politique, puisqu’on sait que l’augmentation des impôts est un passage obligé en temps de crise. Bien sûr que les Français trouvent qu’ils paient trop d’impôt (les Allemands aussi, sans doute, et les Grecs encore plus). La question est : par rapport à quoi. Au revenu moyen ? A la qualité des services publics ? A l’écart entre les plus riches et les plus pauvres ? C’est là-dessus qu’on devrait s’interroger. Sinon, le débat sur l’impôt dans l’absolu est un débat qui ne s’impose absolument pas.
Peut-être, mais c
C’est comme si comme si le ministre de la Défense disait qu’il y a trop de soldats ou que le ministre de la Culture dénonçait le théâtre subventionné ! C’est une façon hypocrite de flatter le contribuable – une forme de poujadisme fiscal. Un sondage montrait hier que 72% des Français jugent les impôts trop élevés, mais 57% disent que l’impôt sert l’intérêt général. Le ministre devrait s’appuyer sur le 2è chiffre, plutôt que d’intérioriser le 1er. Il doit dire en quoi nos impôts sont utiles – éventuellement baisser ceux qui ne le sont pas. Pierre Moscovici parle de réconcilier les Français avec l’entreprise ; il devrait aussi les réconcilier avec l’impôt.
L
Ce n’est ni opportun ni juste. Donnons les chiffres : tous impôts confondus, il y a eu 60 milliards d’euros d’augmentations d’impôts sur les 4 dernières années : 33 milliards ont été décidés sous Nicolas Sarkozy et François Fillon ; 28 milliards sous François Hollande et Jean-Marc Ayrault. Donc quand François Fillon parle d’ « assommoir fiscal » à propos de la politique actuelle, il se moque du monde – et lui aussi flatte le poujadisme fiscal. On en reste aux stéréotypes habituels : le gouvernement cherche de nouvelles recettes sans oser le dire ; et l’opposition utilise de vieilles recettes pour le dénoncer…
La Cour des comptes vient de pointer les insuffisances de la lutte contre la fraude fiscale. Vous trouvez que c
Bien sûr. Frauder le fisc, c’est l’incivisme absolu. Il n’y a pas que des affairistes avec valises de billets et comptes off-shore (certes très condamnables); mais aussi des commerçants et des professions libérales à qui la vulgate du matraquage fiscal permet de tricher avec bonne conscience. La fraude fiscale est le seul délit à propos duquel on n’entend jamais parler de tolérance 0 – ce serait impopulaire. Or la plus grande injustice n’est pas que des contribuables paient trop mais que les fraudeurs ne paient pas ce qu’ils doivent. Il y aurait moins de ras-le-bol fiscal s’il y avait plus de ras-le-bol contre la fraude fiscale.