Le gouvernement recule sur les aides à l'apprentissage

Le président Hollande voulait faire passer le nombre d'apprentis de 419 000 à 500 000 d'ici 2017. - -
Marche arrière toute. Face à la fronde des professionnels, le gouvernement recule sur les aides à l'apprentissage. Mercredi, Jean-Marc Ayrault annonçait la suppression de 550 millions d'euros d'aides (soit 20% de l'enveloppe annuelle) dans le cadre des mesures d'économies liées à la réforme de l'État. Mais devant la levée de boucliers de l'ensemble des organisations patronales et des régions marquées à gauche, le gouvernement a changé son fusil d'épaule. Officiellement, il ne renonce pas : l'indemnité « sera supprimée » mais « une nouvelle aide » va lui succéder « pour les entreprises de moins de 10 salariés ». Une compensation évaluée « entre 250 et 300 millions », de l'Etat aux régions.
L'apprentissage était l'une des priorités de campagne de François Hollande. Le président voulait faire passer le nombre d'apprentis de 419 000 à 500 000 d'ici 2017.
« Quel signal pour les chefs d’entreprises ! »
Même si le gouvernement a fait marche arrière, cette annonce reste un très mauvais signal, pour Jean-Michel Pottier, président de la commission Formation Education de la CGPME : « En terme de communication, c’est vraiment une mesure extrêmement négative, qui va pénaliser l’apprentissage, quoi qu’il en soit. L’objectif de 500 000 apprentis en 2017, du président de la République, je pense qu’on va aller complètement à rebours et que malheureusement au final on sera peut-être au-dessous des 400 000 qu’on avait dépassés actuellement. Quel signal pour des chefs d’entreprises qui se posent des questions pour la rentrée, à savoir s’ils vont ou pas embaucher des apprentis ! Et même si le gouvernement est revenu en arrière, mais dans un flou artistique, le message qui vient d’être passé, est un message dévastateur ».
« On n’avait pas besoin de ça en ce moment »
Quant à la nouvelle aide ciblée pour les entreprises de moins de 10 salariés qui devrait voir le jour, Jean-Michel Pottier rappelle : « Beaucoup de contrats d’apprentissage se font dans les PME, pas seulement dans les TPE, des entreprises de 15, 20, 30 salariés, qui sont dans une phase de développement, cherchent à attirer de nouvelles compétences, et se servent du dispositif de l’apprentissage. Et donc je crains que cette nouvelle mesure compensatrice, si elle se limitait aux TPE, elle aurait elle-même des conséquences extrêmement néfastes sur les effectifs de l’apprentissage. Je crains que le mal soit déjà fait, et on n’avait pas besoin de ça en ce moment ».
« C’est incohérent ! »
Pierre Martin, vice-président de l'Union Professionnelle Artisanale, ne mâche pas ses mots non plus après cette marche arrière du gouvernement : « C’est incohérent ! On ne peut pas à la fois vouloir relancer l’apprentissage – on compare sans arrête avec la situation allemande, mais qui est historiquement et culturellement différente –, et en même temps prendre des dispositions qui viendraient influer négativement sur ce développement de l’apprentissage. C’est là où on a vraiment du mal à saisir les orientations et la politique qu’entend mener le gouvernement ».