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Le gouvernement interpellé après l'outing d'une enseignante transgenre sur Twitter 

Marlène Schiappa s'est saisie du dossier avec la Dilcrah après avoir été interpellée.

Marlène Schiappa s'est saisie du dossier avec la Dilcrah après avoir été interpellée. - BERTRAND GUAY / AFP

Le nom de l'enseignante et celui de son établissement ont été diffusés par un parent d'élève sur Twitter. Après la lettre d'un député et le signalement de nombreux internautes, Marlène Schiappa s'est saisie du dossier avec la Délégation du gouvernement en charge de la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT.

Une professeure de français enseignant dans un établissement de la région parisienne a fait récemment son coming out trans auprès de sa direction, annonçant sa transition et sa volonté d'être appelée "Madame", conformément à son genre. La proviseure en a informé les parents d'élèves dans une lettre et ce document a été publié ce mercredi sur Twitter par l'un d'eux. Le nom de l'enseignante ainsi que celui de l'établissement où elle travaille apparaissaient clairement dans le tweet, où le père de famille interpellait les internautes sur la manière dont eux auraient réagi à la lettre.

De quoi faire craindre à de nombreux utilisateurs du réseau social des représailles contre l'enseignante. Pour le Youtubeur trans Adrian De La Vega, son nom a été "jeté en pâture". Le jeune homme a donc interpellé sur Twitter le ministère de l'Education nationale, rappelant les engagements pris il y a moins d'une semaine à l'occasion de la journée internationale contre l'homophobie et la transphobie.

Les violences transphobes en hausse de 54%

"La divulgation publique du patronyme de cette professeure, ainsi que l'adresse exacte de son lieu de travail laissent craindre un déferlement de violences transphobes qui pourraient attenter à son intégrité", a estimé également Raphaël Gérard.

Le député LaREM de Charente-Maritime a posté sur son compte la lettre qu'il a adressée dans la journée à Marlène Schiappa pour attirer son attention sur ce dossier. L'élu y dénonce notamment l'outing forcé de cette enseignante. "Si la question de la visibilité demeure fondamentale pour l'émancipation de la communauté LGBTI, celle-ci doit demeurer libre et consentie et non forcée", écrit-il, évoquant ensuite la hausse de 54% des violences transphobes signalée par SOS Homophobie dans son dernier rapport.

En mars dernier, une vidéo montrant l'agression violente de trois femmes trans à Paris était diffusée sur Snapchat. Après la diffusion de la vidéo sur Twitter, les trois victimes ont porté plainte et l'homme ayant filmé les agressions a été interpellé.

Dans sa lettre, le député LaREM demande à la secrétaire d'Etat que "toutes les mesures soient prises afin de garantir la sécurité de cette professeure et lutter contre les violences transphobes". 

De possibles suites juridiques à l'étude

Le message comportant l'identité de l'enseignante, massivement retweeté, a été signalé à Twitter avant d'être finalement supprimé, alors que le compte du père en question apparaissait en fin de journée comme suspendu. Au même moment, Marlène Schiappa a répondu à ces sollicitations sur son compte.

"Vous êtes nombreux à m'avoir signalé cette affaire. Avec la Dilcrah, nous avons fait les signalements nécessaires. Les personnes trans méritent notre respect inconditionnel et ont strictement les mêmes droits que tout autre", écrit la ministre, qui remercie les internautes et le député de leur vigilance.

Contacté par BFMTV.com, l'entourage de Marlène Schiappa précise étudier les suites "juridiques" possibles à donner à cette affaire. Placée sous l'autorité du Premier ministre, la Dilcrah est une délégation interministérielle chargée de lutter contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT.

Une prof soutenue par sa hiérarchie

L'académie de laquelle dépend l'enseignante a également réagi, sur le site LGBT+ Komitid, confirmant être au courant des événements. "L’Éducation nationale n’est pas en mesure d’exercer une protection concrète pour la personne concernée, donc l’établissement est en lien avec la police", a expliqué le rectorat, ajoutant que l'enseignante était pleinement soutenue par sa hiérarchie.

"Les enfants se fichent bien que leur prof soit un homme, une femme ou en transition, ce sont les regards extérieurs qui les amènent à porter un jugement. Pour l’instant nous sommes plus inquiets du traitement médiatique de l’affaire que de ce qu’il s’est passé sur Twitter", ajoute cette source. 
Charlie Vandekerkhove