Le gouvernement garde le cap de sa politique à l'égard des Roms

Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux (au centre) et le ministre de l'Immigration, Eric Besson (à droite), lors d'une conférence de presse à Paris. Le gouvernement affirme qu'il va poursuivre et intensifier sa politique à l'égard des Roms malgré les - -
PARIS (Reuters) - La gêne exprimée par deux membres éminents du gouvernement a relancé lundi les interrogations sur la politique de la France à l'égard des Roms mais le Premier ministre, François Fillon, a confirmé qu'elle se poursuivrait.
Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, et le ministre de l'Immigration, Eric Besson, devaient annoncer à 16h30 de nouveaux chiffres sur le nombre de Roms renvoyés en Roumanie et Bulgarie et de camps démantelés.
Invité de France Inter, François Fillon, qui a repris en main la communication de l'exécutif sur ce sujet, a évoqué pêle-mêle l'afflux de Roms en France, l'illégalité de certains campements, leur "mode de vie nomade de moins en moins adapté" à la société et la délinquance de jeunes Roumains à Paris.
Le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, lui a reproché de faire "le lien entre immigration et insécurité".
"Avec des mots choisis, François Fillon ne dit rien d'autre que Marine Le Pen", la vice-présidente du Front national, a-t-il dit à la presse.
Cette politique est dans la continuité de celle menée par les précédents gouvernements, a souligné François Fillon mais, a-t-il reconnu, elle suscite "un malaise".
"Il y a eu dans mon camp un certain nombre de propos que je n'ai pas acceptés durant l'été, parce que je pense qu'il n'y a pas de surenchère nécessaire dans ce domaine et ce qu'il faut, c'est traiter le sujet", a-t-il dit.
MODE DE VIE INADAPTÉ
Le malaise, exprimé jusqu'alors par des personnalités catholiques de la majorité - le député Etienne Pinte, l'ancienne ministre Christine Boutin, par exemple - s'est élargi à des ministres qui ne sont pas membres de l'UMP.
Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, "pas content de ce qui s'est passé (ni) de la polémique", a confié sur RTL qu'il avait songé à démissionner, qu'il en avait parlé à Nicolas Sarkozy mais que cela n'aurait servi à rien.
Son collègue de la Défense, Hervé Morin, a fait étalage dimanche de divergences avec le président Nicolas Sarkozy sur le plan sécuritaire lors des universités d'été de son parti, le Nouveau Centre.
"Il n'y a pas de discours de stigmatisation", a insisté François Fillon. "La politique que nous conduisons, c'est une politique qui respecte la loi et qui s'adresse à toutes les personnes qui sont en situation irrégulière".
La plupart des Roms reconduits dans leur pays sont toutefois en situation régulière, étant citoyens communautaires entrés en France depuis moins de trois mois, et acceptent l'aide au retour volontaire, comme l'a souligné le Premier ministre le 24 août.
La libre circulation dans l'Union européenne, critiquée dimanche par le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, pose un problème à cet égard, a estimé François Fillon.
"Dire que 15% de la délinquance des mineurs à Paris aujourd'hui est le fait de jeunes Roumains, ça n'est pas stigmatiser une communauté, c'est simplement constater qu'on a un problème qui est lié à l'ouverture des frontières européennes, qui est lié au principe de libre circulation et qui est lié au fait qu'en Roumanie notamment, l'intégration des populations de Roms n'est pas suffisante", a-t-il dit.
"On a une communauté importante qui n'est pas intégrée correctement, notamment en Roumanie et en Bulgarie, dont le mode de vie nomade est de moins en moins adapté à la vie d'une société moderne", a encore estimé le Premier ministre.
Dans le même temps, Brice Hortefeux a inauguré une aire d'accueil pour gens du voyage dans les Alpes-Maritimes.
"D'un côté, on n'occupe pas de manière illégale, illicite, des terrains (...) et simultanément nous encourageons les collectivités à prévoir précisément des espaces garantissant à la fois la légalité, la dignité et la salubrité", a dit le ministre de l'Intérieur.
Clément Guillou, édité par Gilles Trequesser