Le gouvernement face à la fronde des sacrifiés de la TVA

Les Coulisses de la Politique, c'est tous les matins à 7h25 avec Véronique Jacquier. - -
Les sacrifiés de la TVA. Ceux sont des artisans, des commerçants, des travailleurs indépendants. Ils seront dans la rue mercredi. Le gouvernement redoute ce mouvement. Un conseiller m'a confié: "Ils ont vu les bretons obtenir gain de cause sur l'écotaxe. C'est l'engrenage infernal". Du coup certains politiques et syndicalistes disent halte au feu. Hier (dimanche), le sénateur Vert Jean-Vincent Placé et le secrétaire général de Force Ouvrière Jean-Claude Mailly ont demandé une grande remise à plat de la politique fiscale plutôt que la hausse de la TVA au 1er janvier.
Jean-Claude Mailly a aussi déclaré que la France était comme un volcan. Y a-t-il un sentiment de panique au sein du gouvernement ?
Panique ce n'est pas le mot. Ils ouvrent enfin les yeux. Jusqu'à présent la majorité estimait que la colère des bretons ne dépasserait pas les frontières régionales. "On a l'habitude avec les bretons. Ils sont toujours en train de tout casser" m'a dit un ministre que j'ai croisé vendredi dernier. Un député socialiste a minimisé la fronde des Bonnets rouges aussi en me disant: "C'est une manifestation poujadiste, faite de petits patrons. Il y a même des UMP qui défilent". Sous-entendu: on n’est pas trop inquiet car ce n'est pas notre électorat qui se mobilise. Mais le discours est en train de changer. Beaucoup de parlementaires socialistes ne savent plus quoi dire devant la menace d'embrasement. Seule Ségolène Royal trouve le mouvement des Bonnets rouges "sain et réconfortant".
Le gouvernement a-t-il un plan pour calmer la colère qui monte de plus en plus ?
Non ! L'écotaxe sera mise en place. Pascal Canfin, le ministre Vert au Développement, l'a annoncé hier soir (dimanche). Quand ? L'idée c'est de laisser les esprits s'apaiser et de laisser passer les élections municipales et européennes. En attendant, le préfet de Bretagne est en première ligne pour négocier. En coulisse le gouvernement envisage encore des concessions aux agriculteurs et patrons bretons.
Et François Hollande ? Il ne change pas de ligne de conduite ?
Non ! Aujourd'hui (lundi), le président est à Oyonnax dans l'Ain pour les cérémonies du 11 novembre, lors duquel il fera un discours. En fin de semaine le président sera en Israël. "Il va prendre de la hauteur", me dit l'un de ses proches. En clair, il sera moins obligé de faire le dos rond. Mais au gouvernement tout le monde ne joue pas le jeu. Exemple lundi dernier, alors que Jean-Marc Ayrault est à Saint-Etienne avec plusieurs ministres. Et là scène incroyable ! Arnaud Montebourg ne veut pas figurer sur la photo à coté de Jean-Marc Ayrault ! Pierre Moscovisci l'a même supplié de faire bonne figure ! Arnaud Montebourg a confié à un élu local son pessimisme: "Je ne crois pas qu'on arrivera à inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année. J'ai une avalanche de plans sociaux qui arrivent". Même un ministre doute ouvertement de la promesse la plus symbolique de François Hollande. La fronde gagne même les rangs du gouvernement.
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