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Politique

Le gouvernement accuse Viviane Reding de dérapage sur les Roms

Des familles de Roms sur le départ à l'aéroport de Marignane-Marseille. La France a jugé inacceptables mercredi les propos de la commissaire européenne Viviane Reding estimant que le traitement des Roms en France n'avait pas d'équivalent en Europe depuis

Des familles de Roms sur le départ à l'aéroport de Marignane-Marseille. La France a jugé inacceptables mercredi les propos de la commissaire européenne Viviane Reding estimant que le traitement des Roms en France n'avait pas d'équivalent en Europe depuis - -

Le gouvernement français a qualifié ce mercredi de "dérapage" les propos de la commissaire européenne Viviane Reding estimant que le traitement des Roms en France n'avait pas d'équivalent en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale.

Pour le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, la Commission "ne peut s'ériger en censeur des Etats". Les polémiques autour de cette communauté abîment l'image de la France dans le monde, a estimé pour sa part le premier secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry.

Viviane Reding : "Je suis très en colère"

La Commission européenne, par la voix de la commissaire à la Justice et aux Droits des citoyens Viviane Reding, a jugé mardi honteuse la politique de la France envers les Roms, qui devrait faire l'objet d'une procédure d'infraction. "C'est une situation que j'espérais que l'Europe n'aurait pas à vivre à nouveau après la Deuxième Guerre mondiale", a déclaré Viviane Reding, ce qui a fait bondir Pierre Lellouche. "Je ne peux pas laisser Mme Reding dire que la France de 2010, dans le traitement des Roms, c'est la France de Vichy (...) Roissy n'est pas Drancy", a-t-il dit sur RTL. "Ce genre de dérapage n'est pas convenable". "Le ton qu'elle a pris sur le thème 'ça suffit', ce n'est pas comme ça qu'on s'adresse à un grand Etat comme la France qui est la mère des droits de l'homme, qui est un pays fondateur de l'Union", a poursuivi Pierre Lellouche.
Le ministre de l'Immigration, Eric Besson, lui a fait écho sur Europe 1 : "Elle dérape, si j'ose dire, c'est-à-dire qu'elle utilise une expression qui est à la fois choquante, anachronique et qui procède d'amalgames".

Aubry : "Une véritable honte"

L'opposition de gauche a déploré cette polémique. Pour Martine Aubry, "l'image de la France est abîmée, pas seulement en Europe, partout". "C'est une véritable honte dans notre pays de pourchasser des hommes et des femmes tout simplement parce qu'ils appartiennent à une ethnie et pas parce qu'ils ont commis des délits", a-t-elle déclaré sur France Inter. "Tout ça pour quoi ? Pour faire peur, pour diviser, pour opposer. Ça me fait vraiment mal".

François Bayrou a lui aussi pris position sur cette polémique, estimant que l'influence de la France était atteinte. "La France, pilier de l'Union européenne, pays de référence, est aujourd'hui un sujet d'émotion, de troubles, de scandales et ceci est une atteinte profonde à l'influence de notre pays", a dit le président du MoDem sur la chaîne Public Sénat.

Pour la présidente socialiste de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, les Roms sont les boucs émissaires d'un gouvernement déjà en campagne électorale pour l'élection présidentielle de 2012. Le gouvernement "cherche à capter un électorat populaire désorienté, qui souffre du chômage, en s'occupant de problèmes qui sont secondaires par rapport aux problèmes qui sont ceux de la baisse du pouvoir d'achat, de la destruction des retraites, du chômage, de la peur des jeunes de pas pouvoir trouver du travail, et de la peur des anciens", a-t-elle déclaré sur LCI. "Voilà les vrais problèmes des Francais, et on prend des boucs émissaires", a ajouté l'ancienne candidate du PS à l'élection présidentielle.

Pour le député européen Vert Daniel Cohn-Bendit, la réaction de Viviane Reding a été d'autant plus vive que le gouvernement français "a menti" à propos de la circulaire ciblant les Roms pour les expulsions. "Mme Reding s'est mise en colère parce qu'elle rencontre des hommes plus ou moins charmants comme MM. Lellouche et (le ministre de l'Immigration Eric) Besson qui lui racontent des bobards et elle se réveille le matin et elle lit dans les journaux qu'il y a cette circulaire", a-t-il dit sur France Info. "Elle se dit 'ils se sont foutus de ma gueule'. C'est pour ça qu'elle est furieuse : parce que les représentants du gouvernement français n'ont pas dit la vérité et ne pas dire la vérité, c'est mentir", a ajouté l'élu écologiste.