Le FN plus en forme dans les sondages que côté finances

- - -
Un huissier s'est présenté la semaine dernière au siège de la formation d'extrême droite à Nanterre, près de Paris, pour réclamer 200.000 euros de cotisations sociales, a dit à Reuters Wallerand de Saint Just, avocat et trésorier du parti, confirmant une information du site internet de l'hebdomadaire Le Point. "L'huissier doit revenir le 10 avril et nous verserons une partie de la somme due car le Front national tient à régler sa dette sociale", a dit l'avocat. Les 200.000 euros sont dus à l'Urssaf, l'organisme de gestion des cotisations sociales.
Selon le site du Point, c'est la cinquième fois qu'un huissier toque à la porte du FN, l'un d'eux s'étant même rendu dans la propriété de Jean-Marie Le Pen de Montretout, à Saint-Cloud, "pour un inventaire de ses biens personnels avant saisie". Le Front national connaît des déboires financiers depuis les calamiteuses élections législatives de 2007, où nombre de ses candidats n'avaient pas atteint un score suffisant pour obtenir le remboursement de leur campagne. Depuis, le parti tente en vain de vendre son ancien siège de Saint-Cloud, surnommé "Le Paquebot", pour se renflouer et navigue à vue sur le plan financier. Jean-Marie Le Pen s'était demandé à la fin de l'année 2010 si le FN aurait les moyens d'assurer une campagne présidentielle digne de ce nom, en 2012, à sa fille Marine, qui lui a succédé à la présidence du parti en janvier. Mais, Selon Wallerand de Saint Just, l'afflux d'adhésions depuis que Marine Le Pen a repris le flambeau devrait permettre d'aborder la bataille dans de bonnes conditions.
L'effet Marine
"Si on n'avait pas l'effet Marine, ce serait différent", dit-il.
Compte tenu de ses difficultés, le parti n'emploie plus qu'une vingtaine de permanents, contre une centaine à la fin des années 1990. La crise financière avait atteint son paroxysme quand l'imprimeur Fernand Le Rachinel, ancien fidèle de Jean-Marie Le Pen, avait poursuivi le parti en justice pour réclamer le paiement de fonds avancés au FN. En février 2010, la Cour d'appel de Versailles avait condamné le mouvement à rembourser 6,3 millions d'euros de dettes et 600.000 euros d'intérêts à Fernand Le Rachinel ou à sa banque, qui est aussi celle du FN. Au total, le parti a une dette de plus de 10 millions d'euros. Selon Wallerand de Saint Just, le parti a versé 4,6 millions d'euros à Fernand Le Rachinel et ne lui doit plus rien. En revanche, il doit encore 5,4 millions d'euros à la banque, qui a pris une hypothèque sur son ancien siège.
Prié de dire pourquoi "Le Paquebot" est toujours à quai, alors qu'il s'agit d'un bâtiment de 5.000 m2 en bord de Seine, l'avocat invoque la crise économique et financière. "Il y a eu beaucoup d'offres intéressantes mais la difficulté, c'est de conclure", dit-il. Une promesse de vente supérieure à 10 millions d'euros avec une université chinoise n'a pas été suivie d'effets. L'an dernier, Marine Le Pen avait évoqué le possible recours à une vente aux enchères en accusant l'Elysée de chercher à dissuader les acquéreurs potentiels du bâtiment.