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Politique

Le couple franco-allemand mis à mal par le Mali

Les Coulisses de la Politique, de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC

Les Coulisses de la Politique, de Jean-François Achilli, du lundi au vendredi à 7h20 sur RMC - -

François Hollande se rend dès cet après-midi à Berlin pour la commémoration du cinquantenaire du traité de l’Elysée. Angela Merkel va le laisser se débrouiller seul au Mali, ou presque.

Quelle ironie : cela fera cinquante ans demain que le général de Gaulle et le chancelier allemand Konrad Adenauer ont signé ce traité de l’Elysée, accord d’amitié franco-allemande, qui porte sur des domaines comme la jeunesse, l’économie, mais aussi : les affaires étrangères et la défense. Et cinquante ans après, Paris se retrouve bien seul dans son engagement militaire au Mali. L’aide de l’Allemagne va se limiter au prêt de deux avions C17de transports de troupes et de matériel. Berlin enverra également des instructeurs militaires pour former l’armée malienne. Mais c’est tout. Angela Merkel a mis cinq jours pour apporter un soutien prudent à la France, et convenir que ce qui se passait au Mali constituait une menace pour l’Europe. C’est à se demander s’il le couple franco-allemand n’est pas en instance de divorce.

Ce n’est pas la première fois que Berlin reste en retrait…

L’Allemagne s’était abstenue en mars 2011, lors du vote au Conseil de sécurité de l’ONU en faveur d’une No fly zone, une zone d’exclusion aérienne dans le ciel Lybien. La constitution allemande ne permet pas l’envoi de troupes au sol, et la chancelière en campagne pour sa propre réélection n’y tient pas particulièrement. L’Elysée hier voulait croire qu’il n’y avait aucune dissension entre les deux pays, au sujet du Mali. Mais il suffit de regarder la décennie écoulée, de prospérité et de croissance pour l’Allemagne, et de récession pour la France, pour comprendre que nous n’avons pas les mêmes priorités. Pendant que Paris fait la guerre, Berlin vend des Volkswagen. 

Cette commémoration survient au moment où le consensus autour du Mali en France commence à se fissurer...

Jean-Louis Borloo, le patron de l’UDI, qui soutient l’intervention, regrette que François Hollande n’ait pas consulté Berlin et les autres capitales européennes, et parle d’un problème de leadership de François Hollande en Europe. « Pas de stratégie claire au Mali», déclare pour sa part Laurent Wauquiez, vice-président de l’UMP. De quoi irriter l’Elysée, qui fait le dos rond depuis le désastre de la prise d’otages en Algérie. « Quand on est un responsable politique, on n’affaiblit pas la position de la France, surtout quand nos soldats sont sur le terrain et se prennent des balles » explique l’entourage de Jean-Yves le Drian, avant de rappeler que « 450 militaires européens vont arriver au Mali dans trois semaines pour encadrer l’armée régulière ».

Le débat sur le Mali va se poursuivre en coulisse à Berlin

François Hollande et Angela Merkel devraient l’évoquer lors de leur rencontre cet après-midi et leur diner ensemble ce soir, avant le conseil des ministres franco-allemand demain, et leur discours au Bundestag demain. 400 parlementaires français feront le déplacement. Quelque chose me dit que la lutte contre le terrorisme va largement s’inviter dans les conversations…

Ecoutez ici les Coulisses de la Politique de Jean-François Achilli de ce lundi 21 janvier

Jean-François Achilli