Le Barointhon et le Bachelothon

On a eu pendant plusieurs semaines le Barointhon, du nom du ministre du Budget François Baroin, pour savoir quelles niches fiscales on allait supprimer. Place maintenant au Bachelothon, pour savoir quelles mesures d’économie les Français sont prêts à accepter pour la Sécurité sociale.

Roselyne Bachelot et François Baroin utilisent tous deux la même technique : celle dite du « ballon-sonde ». Le principe : on lance une idée de réforme dans la presse, puis on attend de voir comment y réagit l'opinion. Si ça passe, on fonce. Si ça casse, on oublie discrètement le projet.

Le Barointhon

Lorsque le ministre du Budget lance son Barointhon, il a un objectif : trouver 12 milliards d'euros avant mercredi 29 septembre, date de présentation du projet de loi de finances en Conseil des ministres. Autant le dire, c'est quasiment mission impossible. Alors pendant trois semaines, on aura eu droit à tout. Tout aura été testé auprès des Français et des médias.
Souvenez-vous : d'abord, l'idée de supprimer la réduction d'impôts sur les dons aux associations (le fameux « amendement Coluche »). Effet immédiat : levée de boucliers générale. Résultat : « Nous ne toucherons pas aux dons, parce que c'est un lien de la politique sociale et il n'y a pas de retour sur investissement », déclare finalement François Baroin.
Alors, il lance un deuxième ballon d'essai : la suppression des avantages fiscaux en faveur de l'emploi à domicile. Mais il s'aperçoit vite que ça risque de tarir une source d'emplois dans le secteur du service à la personne et de favoriser le travail au noir. Caramba, encore raté !
Tentative suivante : l'augmentation des impôts sur l'intéressement et la participation. Aïe aïe aïe... Sitôt lancée, l'idée est descendue en flèche sur RMC par Laurence Parisot, la patronne du MEDEF. Et cette fois, c'est Christine Lagarde qui se voit obligée de mettre de l'eau dans son vin. Caramba, encore raté... Le ministre du Budget décide alors de proposer la suppression du taux de TVA réduit à 5,5% sur les travaux de rénovation dans le bâtiment. Et une fois encore, il se voit contraint de très vite renoncer.
Et puis, miracle, idée géniale : pourquoi ne pas supprimer l'avantage fiscal pour les jeunes mariés et les jeunes divorcés ? Il s'agit de cette fameuse possibilité de rédiger trois déclarations de revenus distinctes l'année de son union ou de sa séparation. Et là, bingo ! Ça ne râle pas trop, les médias trouvent même le principe assez juste. Et re-bingo, ça vaut même une déclaration du Premier ministre en personne !
Que de labeur...

Le Bachelothon

Lorsque la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, lance son Bachelothon, elle a aussi un objectif : faire 2,5 milliards d'euros d'économies sur les dépenses de la Sécurité sociale, dont le projet de loi censé la financer est présenté ce mardi 28 septembre.
Cette fois, le procédé est déjà rôdé. Alors, les fuites viennent directement de l'Elysée. On s'attaque notamment aux autotests pour les diabétiques. L'idée est de limiter le remboursement à une bandelette par jour. Et savez-vous d'où elle vient, cette idée lancée en pâture à l'opinion publique ? Du bureau de Raymond Soubie, le conseiller social du président de la République. Il a lui-même appelé les associations de malades pour éprouver auprès d'elles la popularité de la mesure. Ou plutôt son impopularité. Car au final, elle ne figurera même pas dans le texte du projet de loi. Il ne sera question que d'un vague objectif de réduction de 10% des dépenses d'autotests.

Le Barointhon et le Bachelothon vous ont plu ? Rassurez-vous et frottez-vous les mains, ce n'est qu'un début.

Christophe Jakubyszyn