BFMTV
Politique

La rentrée de Macron devant les caméras mais loin des micros des journalistes

Emmanuel Macron aux côtés de Muriel Pénicaud et Benjamin Griveaux.

Emmanuel Macron aux côtés de Muriel Pénicaud et Benjamin Griveaux. - BFMTV

Alors que l'exécutif est chahuté en cette rentrée, et que l'Elysée repense sa cellule communication, Emmanuel Macron a choisi de multiplier les images... tout en évitant les échanges avec les journalistes.

Bousculé avant ses vacances par l'affaire Benalla, puis en ces premiers jours de rentrée par la démission de Nicolas Hulot et le dossier du prélèvement de l'impôt à la source, Emmanuel Macron cherche à trouver un nouveau tempo médiatique.

L'Elysée doit ainsi restructurer sa cellule communication, tandis qu'Emmanuel Macron s'affiche au travail devant les caméras. Cette semaine, le chef de l'Etat multiplie en effet les images et les séquences tout en évitant de dialoguer directement avec la presse.

Une prise de parole inhabituelle

Cette impression a été particulièrement forte ce mercredi. Au moment du Conseil des ministres de rentrée, Emmanuel Macron, contrairement à l'usage qui veut que le président de la République ne s'exprime qu'une fois la salle désertée par les objectifs des photographes et les caméras, a ainsi pris la parole sans attendre le départ de ces corps étrangers.

L'intérêt poursuivi était clair: montrer l'ampleur de la tâche gouvernementale et la résolution de l'exécutif à la mener bien.

"Dans tous les secteurs ministériels, dans tous les domaines de la vie de nos concitoyens, beaucoup de choses nous attendent avec énormément de défis, et le semestre qui s’ouvre ne sera ni plus tranquille ni plus oisif que celui qui précédait", a d'abord dit Emmanuel Macron. 

A double entente 

La suite était visiblement adressée aux Français, alors que son action est de plus en plus mal perçue dans les sondages: 

"Avec du sens à donner, et il est essentiel, avec des transformations concrètes à conduire et avec une difficulté qui va avec ces grandes transformations. Rien de ce que nous entreprenons depuis quinze mois n’est fait pour l’immédiat, ou sous la pression de l’immédiat. Rien n’est fait pour simplement donner de l’argent à l’un tout de suite, ou régler des problèmes qui parfois ne sont pas réglés depuis des décennies de manière facile."

A l'attention d'Edouard Philippe et ses ministres, Emmanuel Macron a ajouté: "C’est pour ça qu’il faut dans ces périodes, tout à la fois tenir, expliquer et avec force, mener ce combat."

Des caméras jusque dans son bureau 

Flanqué de Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, et de Muriel Pénicaud, ministre du Travail, le chef de l'Etat s'est encore installé devant les caméras un peu plus tard. Depuis son bureau élyséen, il a promulgué la loi "avenir professionnel", s'appliquant à défendre ce texte et son élaboration.

"C’est un travail important qui a donné lieu à plusieurs mois de concertations du gouvernement avec les partenaires sociaux, un travail important de nos parlementaires et qui permet aujourd’hui de transcrire dans le réel cette loi 'liberté de choisir son avenir professionnel'". 

Emmanuel Macron a alors repris son rôle de pédagogue convaincu. Il a ainsi décrit la loi comme "anti-fatalité", "un texte d’émancipation, de liberté, d’investissement dans l’humain". 

Professoral 

Lundi déjà, Emmanuel Macron avait choisi de s'adresser aux électeurs par l'entremise d'une de ces cartes postales filmées. C'est en effet accompagné des médias qu'il s'était rendu dans une classe d'un collège de Laval.

Interrogé par les élèves, il avait déclaré qu'il aurait aimé être "professeur". 

"Je pense que professeur c'est un beau métier (...) alors que président, c'est pas vraiment un métier" car il ne dure que "le temps d'un mandat", avait-il lâché, tout en comparant ces deux activités dans la mesure où l'une et l'autre impliquent de savoir expliquer.

Du collège de Laval à la promulgation filmée, en passant par ce très peu secret Conseil des ministres, il s'agissait donc de donner le ton pour Emmanuel Macron: sa rentrée sera didactique et professorale. 

Robin Verner