"Un problème de riche": Bompard élude les critiques de Ruffin et Autain sur la nouvelle direction de LFI

Le député de La France Insoumise (LFI) Manuel Bompard à l'Assemblée nationale à Paris le 10 octobre 2022 - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP
La grogne monte au sein de La France insoumise (LFI) depuis l'annonce de la "nouvelle coordination" du mouvement qui sera emmenée par Manuel Bompard. Après des critiques émanant de plusieurs personnalités non-retenues au sein de la direction, le député des Bouches-du-Rhône a tenté de parer à tout début d'incendie.
Interrogé sur France Inter ce lundi, le stratège insoumis a défendu "une coordination qui a été renouvelée à 50%", avec, par exemple, "des figures qui nous ont rejoint très récemment dans le cadre des campagnes présidentielle et législative". Il y voit une "volonté d'ouvrir".
"Faire taire la critique"
Pour autant, la pilule n'est pas passée. Clémentine Autain et François Ruffin, non retenus dans cette nouvelle direction - au même titre que d'autres cadres comme Alexis Corbière ou Éric Coquerel - ont fait savoir leur mécontentement. Ces deux personnalités sont habituées à creuser leur sillage au sein de LFI et voulaient faire entendre leur voix singulière au sein du mouvement.
Clémentine Autain fait la Une de Libération ce lundi. La députée de Seine-Saint-Denis accorde un entretien fleuve au journal. Selon elle, la nouvelle direction a "été choisie par cooptation, ce qui favorise les courtisans et contribue à faire taire la critique". Jean-Luc Mélenchon n'a que très peu goûté cette sortie. Après que Clémentine Autain a partagé son interview sur Facebook, le leader de LFI a lâché un commentaire aussi significatif que lapidaire:
"Toute la une pour nous salir".
François Ruffin avait lui aussi réagi la veille. "Je suis un peu triste que plutôt qu'un élargissement, on ait un rétrécissement", a déploré le député de la Somme sur LCI.
"Problème de riche"
Sur France Inter, Manuel Bompard a répondu à ses deux collègues de l'Assemblée nationale. Pour lui, "que certaines personnes qui souhaitent être membres de cette direction opérationelle ne le soient pas, c'est un problème de riche".
Si l'insoumis ne dit "à personne de se taire" et reconnaît qu'il est "nécessaire qu'on puisse avoir des cadres d'échange", il insiste: "Si on peut éviter d'étaler ces discussions sur la place publique, c'est mieux."
Manuel Bompard a également donné la réplique à une auditrice de France Inter qui lui faisait remarquer qu'il n'a pas été élu pour mener LFI. Il a défendu un "mouvement qui n'est pas un parti traditionnel" et dont "les formes de désignation ne sont pas les mêmes que les autres". Pour autant, "ça ne veut pas dire qu'elles sont moins collectives ou moins démocratiques", a défendu l'insoumis.
"Je crois que les esprits s'échauffent un peu"
Manuel Bompard a cité un exemple:
"Nous avons un secteur avec l'ensemble des personnes qui sont engagées dans le soutien aux mobilisations sociales [...] ils se sont réunis, ils ont proposé leurs deux représentants dans notre coordination des espaces du mouvement".
Selon lui, "la qualité de fonctionnement d'une organisation politique, elle s'apprécie aussi en regard de ses résultats électoraux". "Et sur ce point, quand on se compare, on n'a pas vraiment de raisons de s'inquiéter", a-t-il ajouté.
Pas sûr que cela suffise à calmer les tensions dans l'immédiat. Interrogée sur BFMTV, la députée européenne de LFI Manon Aubry a résumé la situation des siens dans un bel euphémisme: "Je crois que les esprits s'échauffent un peu".