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Politique

La facture salée des conseillers ministériels

Les chiffres ne prennent pas en compte les "chargés de mission", conseillers officieux dont le nom n'est pas publié.

Les chiffres ne prennent pas en compte les "chargés de mission", conseillers officieux dont le nom n'est pas publié. - -

Selon le journal Sud-Ouest, 571 conseillers travaillent dans les ministères, un chiffre bien supérieur aux objectifs fixés par Jean-Marc Ayrault qui ne voulait pas plus de 15 conseillers par ministre. Facture salariale : 180 millions d’euros par an.

Le compte n’y est pas. Le mois dernier, 571 collaborateurs travaillaient dans l’entourage des ministres, un chiffre loin de celui voulu par Jean-Marc Ayrault en début de quinquennat. A l’époque, le Premier ministre avait imposé 15 conseillers par ministre et 10 par ministre délégué. Mais près de la moitié des ministères (15 sur 39) ne respectent pas cette règle, et le chiffre est même en hausse : en août dernier, les ministères comptaient 525 collaborateurs, contre 571 en mai. C'est Arnaud Montebourg qui dépasse le plus ces limites, avec 19 conseillers. Sur RMC, le ministre s'explique.
Le journal Sud-Ouest a en effet épluché la liste des nominations du Journal Officiel et fait les comptes. Matignon rétorque que ces chiffres restent « loin de la deuxième année » de François Fillon, alors Premier ministre de Nicolas Sarkozy et dont le gouvernement « comptait 652 personnes dans les cabinets ».

Cinq employés supplémentaires par conseiller

Cette inflation de conseillers, principalement des énarques, est « officiellement » justifiée « par la nécessité de terminer la composition des cabinets, par les nouveaux dossiers attribués aux ministres, ou par la charge de travail accrue ». Pourtant, ils ont un coût, et non des moindres. Au-delà du salaire brut d’environ 8 000 euros par mois pour chaque conseiller, il faut aussi compter leur train de vie : chauffeur, secrétaire, huissier, parfois même un cuisinier. A chaque fois qu'on embauche un conseiller, on recrute cinq membres de personnel. Ainsi, 571 conseillers ont besoin de 2 740 membres du personnel, pour une masse salariale totale de 180 millions d’euros, soit 10 millions de plus que si les ministres avaient obéi aux critères du Premier ministre.

« Une tentation permanente »

Le député PS René Dosière épluche depuis longtemps les dépenses publiques et traque les gaspillages, et il n’est pas très surpris. « Ce qui est inquiétant, c’est de voir que les objectifs fixés sont dépassés dans de très nombreux ministères », fait remarquer l’élu. « C’est une tentation permanente. Au début, le Premier ministre arrive à imposer ses directives, et progressivement, chaque ministère retrouve un peu d’autonomie, et le Premier ministre ne peut pas suivre tout ce qu’il se passe, surtout quand ils sont trop nombreux, comme dans le gouvernement actuel ».

« On ne peut pas en connaître le nombre »

Mais si le chiffre de 571 conseillers est impressionnant, il n’est pas tout à fait vrai, car il en oublie certains. « Le chiffre ne peut pas tenir compte de ce qu’on appelle les chargés de mission officieux, non déclarés au Journal officiel », ajoute René Dosière. « Ils font la même chose, par définition ils sont clandestins, on ne peut pas en connaître le nombre, il faut souhaiter qu’il y en ait très peu. Personne ne peut raisonnablement donner un ordre de grandeur, et on ne les connaît pas. Comme ils ne sont pas nommés au Journal officiel, on ne peut pas le savoir. Vous avez simplement des gens qui ont un bureau, mais dont le nom n’apparaît pas ».

Mathias Chaillot avec Matthieu Moulin