L'UMP ne lâchera pas Jean-Marc Ayrault dans l'affaire Cahuzac

L'opposition conditionne son retour au sein de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Cahuzac, à la rentrée, à l'audition du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, que la majorité a rejetée mercredi au grand dam de l'UMP. /Photo prise le 2 mai 2 - -
PARIS (Reuters) - L'opposition conditionne son retour au sein de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Cahuzac, à la rentrée, à l'audition du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, que la majorité a rejetée mercredi au grand dam de l'UMP.
Le refus des socialistes d'entendre le chef du gouvernement a provoqué mercredi la colère des députés UMP, qui ont suspendu leur participation à la commission, juste avant les vacances parlementaires.
"On ne peut pas se contenter de ce 'Circulez, il n'y a rien à voir'", déclare jeudi le député UMP Georges Fenech à l'Express.fr. "Qu'est-ce que le Premier ministre a à cacher ?", demande pour sa part dans Le Monde son collègue Gérald Darmanin.
L'opposition avait réclamé l'audition de Jean-Marc Ayrault pour tirer au clair les contradictions entre les déclarations de Jérôme Cahuzac et du ministre de l'Economie Pierre Moscovici sur la tenue le 16 janvier d'une réunion à l'Elysée en présence de François Hollande et du Premier ministre.
Le rapporteur socialiste avait semblé mardi ouvert à cette idée compte tenu de l'amnésie feinte ou non de l'ex-ministre du Budget, qui a reconnu avoir détenu un compte caché en Suisse et dont l'attitude a choqué des députés de tous bords.
Mais Alain Claeys a changé d'avis le lendemain et réclamé un vote que l'UMP a jugé "verrouillé" par avance, alors que la majorité accuse l'opposition de chercher à politiser les travaux pour déstabiliser François Hollande.
"L'audition du Premier ministre n'apporterait rien sur les dysfonctionnements de l'Etat", a expliqué le rapporteur.
"LA RÉUNION S'EST TENUE"
Selon lui, malgré l'absence de souvenirs de Jérôme Cahuzac, les déclarations de Pierre Moscovici ne peuvent être mises en doute et montrent que "la réunion du 16 janvier s'est tenue" et "qu'on en connaît parfaitement les termes".
Mais pour l'UMP, cette dérobade laisse penser que l'exécutif cherche à dissimuler certains faits et que la "muraille de Chine" que Bercy disait avoir érigée autour de Jérôme Cahuzac à propos de son dossier fiscal n'est qu'une supercherie.
"Depuis le début, l'on nous dit que le président et le Premier ministre ne se sont pas occupés de cette affaire", observe Gérald Darmanin, qui a démissionné de son poste de secrétaire de la commission en signe de protestation.
"Or, on apprend qu'il y a bien eu une réunion à l'Elysée, au cours de laquelle M. Cahuzac serait même intervenu et qui a été décrite de manière très précise par Pierre Moscovici alors que M. Cahuzac dit ne se souvenir de rien", explique-t-il.
Cette réunion visait à discuter de l'opportunité d'effectuer une demande d'entraide fiscale avec la Suisse pour savoir si l'ex-ministre possédait ou non un compte à la banque UBS.
Accusé par Pierre Moscovici de partialité, le président UDI de la commission, Charles de Courson, maintient que le ministre a rédigé une requête volontairement restrictive.
"Je maintiens mes propos selon lesquels, telle qu'elle était rédigée, la lettre de la demande d'entraide administrative adressée à la Suisse ne pouvait qu'avoir une réponse négative", écrit-il dans une lettre au ministre.
De même, Charles de Courson réaffirme que le fait d'engager une telle démarche alors qu'une enquête préliminaire a été ouverte par la justice est "sans précédent".
Gérard Bon, édité par Yves Clarisse