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Politique

Juppé, le croquemort de la droite

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, c'est tous les jours à 8h25 sur RMC.

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Dans un article sur son blog titré « Sommes-nous devenus fous ? » A. Juppé appelle au cessez-le-feu à l’UMP après les attaques de F. Fillon contre N. Sarkozy. Vous êtes sceptique sur ses chances d’être entendu.

L’UMP n’est pas dans une phase d’allégresse. Il y a trop de divisions et de désorganisation dans ce parti pour qu’il profite du discrédit de F. Hollande – et la dynamique du FN a de quoi l’inquiéter. Mais il est certain qu’A. Juppé dramatise quand il dit que « la survie de l’UMP est en jeu ». Il en rajoute dans la prophétie lugubre – c’est son registre, qui le fait ressembler au croque-mort de Lucky Luke : celui qui voit dans chaque personnage un futur cadavre et qui prend les mesures pour préparer le cercueil. A. Juppé ne croit pas une seconde à la fin de l’UMP, mais il espère sans doute la mort (politique) de ses rivaux.

Autrement dit, vous pensez qu

Exactement. Il a déjà tenté d’arbitrer l’an dernier le conflit entre JF. Copé et F. Fillon – mais à l’époque, à l’UMP, c’était plutôt : « A mort l’arbitre »… Et maintenant, il se dit que JF Copé n’est plus dans la course, il espère que N. Sarkozy ne reviendra pas et il constate que F. Fillon a abîmé son image ; donc il se dit que son heure va peut-être revenir. Il envoie un signal, parce que sur le fond, ce qu’il propose pour sortir l’UMP du marasme est d’une banalité consternante : arrêter la guerre des chefs, parler aux Français, militer pour l’Europe… De sa part, c’est plus intéressé que réellement intéressant.

Malgré tout le mal que vous pensez de lui, est-ce qu

Il est en tout cas le mieux placé pour se rappeler pourquoi l’UMP a été créée, en 2002 : pour garantir à la droite une suprématie face à la menace du FN. Donc c’était une construction à but arithmétique plus qu’idéologique. Il fallait assurer une majorité durable à J. Chirac et préparer la succession pour… Juppé. Toutes les familles de la droite (gaullistes, libéraux, centristes) derrière un seul homme. Dans l’esprit de Juppé, UMP voulait dire : « Union pour moi personnellement ». Mais ça n’a pas tourné comme prévu et c’est N. Sarkozy qui en a profité. A. Juppé a feint d’en prendre son parti, mais il n’a jamais digéré qu’on lui ait pris… son parti.

Aujourd

Le rôle de sage lui convient mieux que le rôle de chef. Quand il était à la tête du RPR, il y avait eu (en 1989) la fronde des « rénovateurs » (F. Fillon en était déjà, ce qui prouve que ses envies de rénovation ont besoin d’être rénovées). Et le passage d’A. Juppé à Matignon s’est terminé dans le chaos avec les grandes grèves de 1995 et la dissolution. Qu’il fasse jeu égal avec F. Fillon dans les sondages révèle surtout l’affaiblissement de Fillon – d’autant que N. Sarkozy reste très loin devant dans l’électorat de droite. Le vrai problème de l’UMP, c’est qu’avec Juppé, Fillon ou Sarkozy, c’est toujours retour vers le futur : son avenir ressemble énormément à son passé.

|||Copé-Fillon-Sarkozy : l'UMP en danger ?

Hervé Gattegno