Journée d'été à Bordeaux: Duflot critiquée dans son camp pour son livre contre Hollande

Avec son livre "De l'intérieur. Voyage au pays de la désillusion", Cécile Duflot est loin d'être la première à sortir de son devoir de réserve . - Jean-Sébastien Evrard - AFP
Roselyne Bachelot avait eu son À feu et à sang, dans lequel elle critiquait Nicolas Sarkozy après la défaite en 2012. L'ancien ministre de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, avait lui-même critiqué ce dernier. Plus récemment Delphine Batho ou Pascal Lamy ont réprouvé l'action du gouvernement dont ils avaient été évincés.
Avec son livre De l'intérieur. Voyage au pays de la désillusion, Cécile Duflot est loin d'être la première à sortir de son devoir de réserve pour déballer le linge sale de la politique sur la place publique. Il n'empêche que ceux qui se livrent à ce genre d'exercice se prennent souvent des volées de bois vert, c'est l'effet boomerang. Revue de détail.
Le gouvernement vent debout
Mercredi, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll n'a pas souhaité commenter les premiers extraits du livre de Cécile Duflot. Jeudi matin, les membres du gouvernement ont commencé à se jeter sur le sujet. Pour Najat Vallaud-Belkacem, il s'agit d'un "manque de considération" vis-à-vis de ses anciens collègues mais également des Français. "C'est assez peu élégant" d'exposer ses désaccords, juge Fleur Pellerin qui y voit "des fins politiques".
Selon Le Canard enchainé, Manuel Valls aurait fait passer la consigne de "la taper et ne pas hésiter à lui rentrer dedans". Le Premier ministre lui-même que Cécile Duflot décrit dans son livre comme "le mec de gauche qui tient des discours de droite.
Et Manuel Valls de renvoyer l'ex-ministre à sa propre responsabilité dans le bilan à mi-parcours de la majorité. Il accuserait en effet en privé, selon le Canard, "la loi Duflot" sur le logement d'avoir mis en grande difficulté le gouvernement : "Duflot a mené une politique qui a conduit à l'effondrement de la construction. Un effondrement qui coûte à la France de 0.4 à 0.5% de croissance en moins aujourd'hui"
Au sein du PS, Elisabeth Guigou également enfonce l'écologiste. "Quand on a été membre d'un gouvernement, on ne s'exprime pas comme ça. C'est pas digne d'une dirigeante d'un parti politique qui se veut un parti de gouvernement", tacle la présidente de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale.
EELV se désolidarise
La sortie du Voyage au pays de la désillusion coïncide avec les journées d'été d'EELV où dans les couloirs les discussions tournent beaucoup autour du brulot. C'est un "jugement extrêmement sévère", selon Jean-Vincent Placé. Nous avons concouru à faire élire François Hollande en 2012, nous avons participé au gouvernement pendant quelques mois... Nous sommes aussi comptables de ce bilan-là", rappelle celui qui était contre la sortie des Verts du gouvernement. "C'est bien qu'elle ait" publié ce livre, "c'est un bon retour d'expérience", a assuré à la presse Emmanuelle Cosse, qui estime pour autant qu'il est trop tôt pour faire le bilan de François Hollande, qui devra attendre la fin du quinquennat en 2017.
Pascal Canfin, l'autre écologiste à être sorti du gouvernement avec Cécile Duflot, est l'un des seuls à la soutenir à 100% et à partager sa "désillusion".
Du côté des militants écologistes, les critiques semblent bien accueillies et partagées à Bordeaux. Certains s'amusent même sur Twitter avec le hashtag (ou mot-dièse en français) #lafauteaDuflot de l'accusation de Manuel Valls sur l'impact de la loi Duflot sur la croissance.