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Hortefeux peaufine ses projets sur la déchéance de nationalité

Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux compte présenter avant la fin du mois des propositions concrètes sur la déchéance de la nationalité. Son collègue de l'Immigration, Eric Besson, parle pour sa part d'un processus "complexe" et revendique un "droi

Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux compte présenter avant la fin du mois des propositions concrètes sur la déchéance de la nationalité. Son collègue de l'Immigration, Eric Besson, parle pour sa part d'un processus "complexe" et revendique un "droi - -

PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux compte présenter avant la fin du mois des propositions concrètes sur la déchéance de la...

PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux compte présenter avant la fin du mois des propositions concrètes sur la déchéance de la nationalité alors que son collègue de l'Immigration, Eric Besson, parle d'un processus "complexe" et revendique un "droit à la nuance".

Sur le terrain, la police a fait évacuer vendredi des centaines de gens du voyage en situation irrégulière en région parisienne et à Saint-Etienne, et le maire de gauche d'une commune des Yvelines demande des mesures analogues chez lui.

Conforté par des sondages favorables, le gouvernement reste sur l'offensive et Brice Hortefeux, en déplacement à Perpignan samedi, a annoncé qu'il présenterait au président Nicolas Sarkozy, avant la fin du mois, des "propositions de mise en oeuvre juridique" de la déchéance de nationalité.

Le 30 juillet à Grenoble, le chef de l'Etat avait demandé que cette mesure frappe "toute personne d'origine étrangère" ayant volontairement porté atteinte à la vie d'un policier, d'un gendarme ou de tout autre "dépositaire de l'autorité publique".

Dans la foulée, Brice Hortefeux avait souhaité qu'elle soit étendue aux faits de polygamie ou d'excision.

"Je ferai des propositions d'ici à la fin du mois au président de la République pour la mise en oeuvre juridique de la mesure de déchéance de la nationalité contre les auteurs d'homicides de dépositaires de l'autorité publique, de polygamie et d'excision", a déclaré samedi le ministre de l'Intérieur, qui poursuivra dimanche à Argelès-sur-Mer sa tournée dans les Pyrénées-Orientales.

"REMETTRE LES CHOSES DANS LEUR CONTEXTE"

Il a ajouté qu'il ferait ses propositions "en liaison" avec les ministres de la Justice, Michèle Alliot-Marie, et de l'Immigration, Eric Besson.

Dans une interview publiée samedi par Le Figaro, Eric Besson revient sur ce débat mais pour apporter des nuances.

"Sur un plan politique, nous devons lutter avec détermination contre la polygamie et l'excision. Mais sur un plan juridique, la déchéance est complexe à envisager, notamment pour la polygamie", déclare-t-il.

"Cela devra être arbitré après un travail interministériel, notamment avec le ministère de la Justice".

Sur le discours sécuritaire de Nicolas Sarkozy, qui a fait un lien entre immigration et délinquance, Eric Besson demande à "remettre les choses dans leur contexte".

"Tous les jeunes étrangers ou Français d'origine étrangère ne sont pas, loin s'en faut, des délinquants, et la France est aussi riche de ses entrepreneurs, chercheurs, artistes, sportifs issus de l'immigration, symboles d'une intégration réussie", affirme-t-il.

"En tant que ministre de l'Intégration, je revendique le droit à la nuance. Ni déni de la réalité, ni généralisation".

Il confirme qu'il présentera un amendement en septembre dans le cadre du projet de loi sur l'immigration pour que l'acquisition de la nationalité française "ne soit pas automatique pour les jeunes ancrés dans la délinquance", selon les voeux de Nicolas Sarkozy, mais assure que ce texte ne remettra pas en cause le droit du sol.

DES CAMPS SAUVAGES DÉMANTELÉS

Selon un sondage Ifop publié vendredi par Le Figaro, 80% des Français sont favorables au retrait de la nationalité pour les ressortissants d'origine étrangère coupables de polygamie ou d'incitation à l'excision, 79% soutiennent le démantèlement des camps illégaux de Roms et 70% la déchéance de la nationalité pour les délinquants d'origine étrangère en cas d'atteinte à la vie d'un policier ou d'un gendarme.

Demandant à "juger le discours présidentiel sur les faits", le maire PRG de Carrières-sous-Poissy (Yvelines), Eddie Ait, par ailleurs conseiller régional d'Ile-de-France, a demandé samedi l'évacuation de plusieurs camps de Roms situés sur les communes de Triel, Carrières et Chanteloup.

"Rien n'est fait depuis de nombreuses années par l'Etat contre ces occupations sauvages", affirme-t-il dans une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy.

Les forces de l'ordre ont évacué vendredi un important camp de Roms à Saint-Etienne (Loire) ainsi qu'un campement sauvage dans les Hauts-de-Seine.

Dans la foulée de violences commises par des gens du voyage à Saint-Aignan (Loir-et-Cher), l'Elysée a organisé une réunion le 28 juillet à l'issue de laquelle a été annoncé le démantèlement, dans les trois mois, de la moitié des camps illicites, soit environ 300.

Deux jours plus tard, Nicolas Sarkozy prononçait son discours sécuritaire à Grenoble, provoquant un déluge de réactions qui ne s'est pas tari depuis.

Selon un sondage CSA publié samedi par Le Parisien, la proportion de personnes faisant confiance au chef de l'Etat a progressé de deux points à 34%.

Véronique Tison, édité par Guy Kerivel