BFMTV
Politique

Hollande : « Ça ne tourne plus rond au sommet de l'Etat »

François Hollande, député PS et Président du Conseil Général de la Corrèze, invité de Bourdin Direct ce mardi

François Hollande, député PS et Président du Conseil Général de la Corrèze, invité de Bourdin Direct ce mardi - -

Invité de Bourdin Direct ce mardi, le député PS de la Corrèze, François Hollande, a notamment défendu le principe du secret des sources des journalistes, faisant allusion à l'affaire qui oppose le journal Le Monde à l'Elysée.

Le président du Conseil Général de la Corrèze, invité de Bourdin Direct ce mardi, appuie le dépôt de plainte contre X du journal Le Monde pour violation du secret des sources. Selon le quotidien, l'Elysée a eu recours à des procédés illégaux, en juillet dernier, pour identifier l'auteur des fuites de l'affaire Woerth-Bettencourt vers la presse. François Hollande a ainsi déclaré : « Oui [le secret des sources des journalistes est sacré]. C’est la loi. On peut discuter ce principe mais aujourd’hui, c’est la loi de la République… Ça ne tourne plus rond au sommet de l’Etat. Quand le contre espionnage intervient pour savoir qui a donné des informations à la presse. Qui, au cabinet de la ministre de la Justice ? Sans que l’on sache qui a donné les ordres. C'est-à-dire que ce service se serait quasiment auto-saisi ? Mais qui peut le croire ? Qui peut imaginer que le service du contre espionnage, que la direction générale de la police nationale, ait pu procéder à une enquête de vérification des liaisons téléphoniques sans qu’une autorité publique soit informée ? La seule question qui vaille, c’est qui a demandé aux services du contre espionnage d’enquêter sur un collaborateur de madame Alliot-Marie pour savoir s’il donnait des informations à la presse ? Ça me parait nécessaire qu’une information judiciaire puisse être ouverte sur cette question. Après ce sera à la justice de dire si c’était normal ou pas. Là, on est dans quelque chose de déréglé, dans une façon de faire qui n’est pas dans les procédures normales de la République. Donc, il est tout à fait légitime que le journal Le Monde dépose plainte. La garde des Sceaux elle-même, puisqu’elle est concernée, devrait solliciter cette information judiciaire ».

« Un régime de l’incompétence et de l’irresponsabilité »

François Hollande a par ailleurs condamné la circulaire du 5 août ciblant nommément les Roms, preuve, selon lui, d’un Etat irresponsable :« Que des campements illégaux doivent être évacués, c’est bien le moins. Ça m’est arrivé comme maire très souvent, et notamment dans les périodes d’été. Là, nous sommes dans le cadre de la République, une circulaire peut parfaitement prévoir ce dispositif. Mais dans la circulaire du 5 août, il était notamment indiqué les Roms. C’était après le discours de Nicolas Sarkozy du 30 juillet, et ça valait opération de communication. Là, nous apprenons qu’une nouvelle circulaire va enlever la mention des Roms qui revenait je crois une dizaine de fois. C’est un aveu. Je reviens là encore sur ce que je disais sur le fonctionnement de l’Etat. Ça ne tourne plus rond. Monsieur Besson dit qu’il n’était même pas au courant de l’envoi de cette circulaire. Le ministre de l’Intérieur s’est à peine exprimé. Mais qui est responsable ? Nous sommes dans un régime, non seulement de l’incompétence, on le voit dans un certain nombre d’usages, mais de l’irresponsabilité. Si le directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur peut envoyer une circulaire stigmatisant des Roms, nous mettant en contradiction, en infraction par rapport à toutes les conventions que nous avons signées : est-ce qu’il y a un responsable ? »

Retraites : « 60 ans : un principe de justice »

Enfin, le député PS de la Corrèze a confirmé la volonté du PS de revenir sur l’âge légal de départ à la retraite, et a défendu le projet socialiste : « Ce principe des 60 ans est un principe de justice. Pour ceux qui n’ont pas les 41 années de cotisation qu’il faut maintenant présenter pour partir à la retraite, vous arrivez à 60 ans, c’est l’âge légal, vous pouvez partir, mais avec une décote. Vous n’avez pas le droit à une retraite à taux plein. C’est bien qu’il y ait un âge minimal de départ à la retraite, mais à l’avenir, le critère essentiel du départ à la retraite, c’est la durée de cotisation. Je reviendrai donc sur l’âge minimum pour partir à la retraite et je ferais aussi en sorte d’avoir des règles de pénibilité fondées sur l’espérance de vie. Mais je dois aussi dire la vérité. Si l’on rétablit ces règles de départ à un âge minimal, il faut payer ! Il faut aller chercher des cotisations, des contributions. Il n’y a pas d’alternative autre que celle-là. Soit on fait travailler plus avec les injustices qui sont contenues dans l’abandon des 60 ans, soit on a une durée de cotisation fondée sur l’espérance de vie et les ressources. Et on va chercher des revenus des capitaux. Dernier point, qui, pour moi, est essentiel… Pour faire travailler les seniors, j’ai une proposition : il faut qu’on fasse un contrat de génération. Un employeur qui garde un senior jusqu’à son départ à la retraite à taux plein, et qui embauche un jeune, ne doit plus payer du tout de cotisations sociales sur ces 2 emplois. »

Pour retrouver l'intégralité du podcast de l'interview de François Hollande chez Jean-Jacques Bourdin, cliquez ici.

bourdinandco