Valls à Matignon: "la dernière chance"?

Manuel Valls dans la cour de l'Elysée en novembre 2013. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE
La nomination de Manuel Valls à Matignon fait grincer des dents à gauche, et suscite l'ironie à droite. Anciens ou futurs ministres, adversaires de l'opposition... Au lendemain de l'annonce, les réactions sont contrastées. Florilège.
> Des ministrables po-si-tifs
Arnaud Montebourg, actuellement ministre du Redressement productif, tient à rester au gouvernement. C'est en tout cas ce qu'il a laissé entendre mardi matin sur France Inter. "Avec le choix de Manuel Valls et d'un gouvernement de combat, nous avons la possibilité de réorienter l'Europe", a lancé le ministre. Des désaccords entre les deux hommes? "Il y en a eu pendant la primaire", a reconnu Arnaud Montebourg, qui a aussitôt rappelé les points de convergence entre eux: "je rappelle que Manuel Valls a défendu le non (au vote sur le traité constitutionnel européen en 2005). Un point que nous partageons, c'est d'être eurocritiques, pas eurobéats".
François Rebsamen, lui, voit dans le nouveau Premier ministre "l'homme de la situation". Le sénateur, proche de François Hollande, a déclaré sur Itélé "comprendre" les doutes de "l'aile gauche du PS" face à la nomination de Manuel Valls. "Mais je crois qu'ils apprécient l'homme, il n'y a pas de problème d'animosité personnelle" et "c'est un homme de gauche", a-t-il assuré.
> Les anciens ministres prudents (voire méfiants)
Delphine Batho reste prudente. L'ancienne ministre PS de l'Ecologie estime que la nomination de Manuel Valls est "la dernière chance du quinquennat de réussir, donc il faut plutôt l'aider". "Il faut éviter les procès d'intention" et "juger" avant tout "sur le contenu du discours de politique générale", a-t-elle ajouté. "Ce que j'espère, c'est qu'il va être un premier ministre des temps modernes sur la forme, dans les méthodes mais aussi sur le fond en faisant preuve d'audace et en prenant des risques", a-t-elle encore déclaré.
Henri Emmanuelli lui, se montre plus ferme. Sur BFMTV mardi, le député PS des Landes, qui se dit "de l'aile gauche du PS", a été clair: il ne votera pas la confiance à François Hollande. "Je m'abstiendrai", a-t-il confirmé, "et je pense qu'un certain nombre de députés sont dans ce cas." Sans parler de "suicide politique" comme Jean-Luc Mélenchon lundi, l'ancien ministre du Budget reconnaît: "le choix de Manuel Valls, je ne l'aurais pas fait", lance Henri Emmanuelli, qui estime qu'un "coup de barre à droite n'est pas la réponse à ce que nous venons de vivre".
> L'opposition fustige le bilan de Valls
François Fillon, beau joueur, a souhaité "bonne chance" à Manuel Valls. Une amabilité de courte durée: "j'espère simplement qu'il fera un peu moins de communication et qu'il aura un peu plus de résultats qu'au ministère de l'Intérieur", a lancé sur France 2 celui qui lui-même fut Premier ministre.
Marine Le Pen s'est elle aussi attaquée au bilan de Manuel Valls: selon elle, il "a échoué lourdement: gros échec en matière d'insécurité qui a explosé (...) gros échec en matière d'immigration", a-t-elle insisté. "En plus, c'est un homme dangereux, qui a très peu de respect pour les libertés individuelles".