Manuel Valls, le "Montebourg de droite"?

Par ses déclarations choc et sa présence médiatique, Manuel Valls s'est fait remarquer cet été, au point d'agacer au sein du gouvernement. - -
Cet été, Manuel Valls n’a pas été en reste. Entre ses déclarations sur l’islam et le regroupement familial, depuis nuancées, sa lettre de désaccord avec la réforme pénale de Christiane Taubira et son déplacement à Marseille – finalement accompagné de Jean-Marc Ayrault et de quatre autres collègues, le ministre de l’Intérieur a occupé la scène politico-médiatique. Jusqu’à agacer certains de ses collègues. Mercredi matin, Cécile Duflot et Pascal Canfin ont sèchement exprimé leur désaccord avec Manuel Valls, qualifié de "ministre du désordre" par le ministre du Développement.
Stéphane Le Foll, proche de François Hollande, a tenté mardi de minimiser l'affaire, rappelant qu’il n’y a "pas de problème Manuel Valls". La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem a elle aussi préféré éteindre les braises: "Le président de la République a estimé que la politique migratoire et le regroupement familial ne faisaient pas partie des débats de cette rentrée", a-t-elle rapporté après le Conseil des ministres mercredi.
Agacé par les "propos déformés" et la "malveillance" à l’encontre de Manuel Valls, François Kalfon, socialiste fondateur du mouvement de la Gauche populaire, n’hésite pas à réaffirmer son soutien au ministre. "Les critiques à son encontre sont un retour de flamme de ses anciens amis parce qu’il est très populaire et qu’on l’a beaucoup vu cet été", balaie François Kalfon.
"Un socialiste de droite"
Manuel Valls, qui bénéficie d’une forte popularité dans l’opinion, cache à peine qu’il fait cavalier seul. Une stratégie qui rappelle celle de son collègue Arnaud Montebourg, connu lui aussi pour ses sorties tonitruantes, et parfois très personnelles. "Valls est le pendant de Montebourg, mais à droite, explique le politologue Thomas Guénolé. Ses remarques sur les flux migratoires, sa position sur les questions budgétaires et de sécurité en font un socialiste de droite, là où Montebourg ‘drague’ l’extrême gauche".
Les points communs ne manquent pas dans les trajectoires des deux hommes: "lorsqu’ils se sont présentés aux primaires de 2011, ça n’était pas pour devenir président de la République. C’était une façon de se positionner pour 2017, comme Nicolas Sarkozy l’a fait en 2002. Le positionnement, ça se commence tôt".
Tous deux partagent également leur opposition régulière avec la ligne du gouvernement: l’un a tendance à la dépasser sur sa gauche avec Florange par exemple, l’autre sur sa droite sur les questions d’immigration notamment. "Si la logique de Jean-Marc Ayrault était le respect total de la hiérarchie, Montebourg et Valls auraient déjà été mis à la porte", s’exclame Thomas Guénolé.
Les municipales en vue
Mais François Hollande pourrait avoir intérêt à garder ses deux ministres, malgré les dissonances parfois gênantes que provoquent leurs déclarations. "En vue des municipales, c’est vrai qu’il est pratique pour François Hollande de faire monter Manuel Valls au front face à la droite, explique Thomas Guénolé. Ainsi, il empêche l’opposition de la droite face à Christiane Taubira par exemple, qui pourrait moins bien passer."
Le prochain scrutin est dans toutes les têtes, et fait trembler au PS: "je rappelle que l’objectif c’est quand même de limiter la casse, voire de gagner les municipales, s’exclame François Kalfon. Et en ce moment, le succès n’est pas toujours au rendez-vous. Alors profitons-en".