BFMTV
Gouvernement

Lancement à la rentrée des Espé, nouvelles écoles pour les profs

Vincent Peillon, ministre de l'Education nationale.

Vincent Peillon, ministre de l'Education nationale. - -

Supprimés par la droite en 2010, les IUFM ont, selon le gouvernement actuel, laissé un vide dans la formation des professeurs. Sans reprendre l'ancienne formule des anciens instituts, de nouvelles écoles de formations, les Espé, vont ouvrir à la rentrée.

Les remplaçants des IUFM sont dans les starting-blocks. Ces nouvelles écoles de formations des professeurs baptisées Espé (Ecoles Supérieures du Professorat et de l'Education) ouvriront à la rentrée prochaine. Deux axes d'enseignements seront développés: connaissance des matières à enseigner et transmission du savoir.

Les ministres de l'Education nationale, Vincent Peillon, et de l'Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, ont présenté lundi à l'Université de Lyon-1 à Villeurbanne dans le Rhône les Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (Espé).

Il y en aura une par académie, soit une trentaine, qui accueilleront environ 40.000 étudiants en septembre.

> Le but: apprendre aux professeurs à enseigner

• Renouer avec la formation initiale des enseignants quasi disparue sous la droite, tel est le but des Espé. Ces écoles partent du postulat qu'"enseigner s'apprend", sans cependant reproduire les écoles normales ou les IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres).

Cette formation avait disparu depuis la réforme de la "masterisation" à la rentrée 2010, le recrutement avait alors été hissé de bac+3 à bac+5, tandis que les postes ouverts aux concours (méthode de recrutement d'avant 2010) fondaient à cause du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

• Une formation en alternance à la fois aux matières et à la pédagogie sera dispensée aux futurs profs. Ils seront ainsi formés simultanément aux connaissances académiques (maths, français...) et professionnelles (pédagogie, tenue de classe, s'occuper d'un enfant handicapé, résolution des conflits, numérique...). Ils entreront progressivement dans le métier avec des stages.

• Le concours sera rétabli à la fin de la première année (M1). Les étudiants des masters Métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation (MEEF), effectueront en deuxième année un stage à mi-temps devant des élèves, suivront des cours et prépareront un mémoire.

• Les Espé, qui formeront les profs de la maternelle à l'université, accueilleront aussi les conseillers principaux d'éducation (CPE), avec certains enseignements communs, pour créer une "culture commune", propice au travail d'équipe.

> A terme lutter contre la dégradation du niveau des élèves

• L'objectif est de pallier certains manques. "Aujourd'hui, les jeunes enseignants connaissent bien leur matière, mais ne sont pas bien préparés à leur métier et sont souvent affectés dans les établissements difficiles", souligne Eric Charbonnier, spécialiste de l'éducation à l'OCDE.

"Nous réformons (...) parce que les résultats de nos élèves, à tous les niveaux, se sont dégradés", a souligné Geneviève Fioraso à Lyon-1.

• Il y avait urgence à réformer pour certains. "Vu l'état de la formation depuis la réforme Sarkozy, c'était hors de question d'attendre, de sacrifier une génération supplémentaire", estime William Martinet à l'organisation étudiante Unef. Il devrait y avoir "quelques années d'ajustements".

• Les effets d'une réforme sur les résultats des élèves ne sont pas immédiats, prévient Eric Charbonnier. "Les premiers effets peuvent être assez rapides, mais légers. En Finlande, la réforme a été réalisée en 1969 et les premiers résultats ont été vraiment très criants vingt ans après".

>> Des objections et des inquiétudes

• Une réforme élaborée dans la précipitation? On fabrique "à la fois des usines à gaz et des coquilles vides", estime sur son blog Philippe Watrelot, président des Cahiers pédagogiques, parlant de "précipitation".

La crainte d'une baisse du niveau. Le Groupe reconstruire la formation des enseignants (GRFDE), réunissant des chercheurs et formateurs, a demandé au président Hollande de "suspendre le projet", craignant "un affaissement du niveau de connaissances". "Il y aura une baisse du niveau", estime Thierry Astruc du syndicat Snesup-FSU. "C'est une réforme que tout le monde attendait, mais à l'arrivée, on a encore empiré".


À LIRE AUSSI:

>> Refondation de l'école: l'article premier voté à l'Assemblée

>> 20 à 25% d'écoliers passent à la semaine de 4,5 jours dès 2013

>> Rythmes scolaires: une réforme à la carte qui a du mal à passer

David Namias avec AFP