Cahuzac a nié du début à la fin, "les yeux dans les yeux"

Jérôme Cahuzac - -
L'ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, a nié de bout en bout avoir détenu un compte bancaire à l'étranger, y compris "les yeux dans les yeux face" à François Hollande, a-t-on assuré mardi soir dans l'entourage du président.
Les premières dénégations de Jérôme Cahuzac remontent au 4 décembre, le jour même où Mediapart a affirmé pour la première fois que le ministre du Budget, pourfendeur de la fraude fiscale, avait détenu un compte présumé occulte en Suisse jusqu'en 2010, explique-t-on de même source.
Dans le train qui le ramène ce jour-là de Lens où il vient d'inaugurer une antenne du Musée du Louvre, François Hollande reçoit un appel du ministre l'informant que cette affaire va sortir. Interrogé par le président sur la véracité de cette information, l'intéressé nie formellement une première fois, affirme l'Elysée.
Le week-end suivant, cette fois au palais présidentiel même, "le président pose une nouvelle fois la question les yeux dans les yeux à Jérôme Cahuzac qui lui répète que c'est faux" comme il le fera un peu plus tard devant l'Assemblée nationale et lors de nombreux apartés en marge des Conseils des ministres ou de réunions, précise-t-on.
"Faute morale"
Toutefois, quand une information judiciaire a été ouverte le 19 mars pour blanchiment de fraude fiscale, "le président de la République comme le Premier ministre ont demandé à Jérôme Cahuzac qu'ils ont eu au téléphone de démissionner", une première selon l'Elysée à ce stade de la procédure.
"Dès qu'on a eu le moindre doute dans la procédure, il est sorti du gouvernement", insiste-t-on, "il n'y avait pas de demi-mesure."
L'Elysée précise encore qu'une "barrière étanche" a été établie dès le 10 décembre entre le ministre du Budget et l'administration fiscale appelée à se renseigner sur son compte. De la même manière, ajoute-t-on, Jérôme Cahuzac, signataire d'une charte de déontologie comme tous les autres ministres, est passé au travers d'une vérification fiscale conduite au moment de sa nomination.
Les mensonges du ministre, déplore-t-on, constituent "une faute morale qui atteint l'ensemble de la démocratie telle que nous l'entendons, fondée sur la confiance que le peuple doit avoir dans ses élus".
L'entourage du président affirme ne pas avoir fait preuve de "naïveté", invoquant plutôt la "défaillance d'un homme" qui a "menti à toutes les autorités de l'Etat" et "s'est enfermé pendant des mois dans des dénégations totales pour sortir sur un aveu".
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