Crèches privées: Aurore Bergé visée par une information judiciaire pour faux témoignage

Aurore Bergé, ministre chargée de l'Égalité femmes-hommes, le 24 décembre 2024 - Anna KURTH / AFP
La Cour de justice de la République a ouvert ce vendredi 31 janvier une information judiciaire contre la secrétaire d'État chargée de l'Égalité femmes-hommes, Aurore Bergé, seule institution habilitée à enquêter et juger sur des faits commis dans le cadre de fonctions ministérielles.
L'Assemblée nationale avait signalé en octobre dernier au parquet de Paris les propos de l'élue macroniste accusée de "faux témoignage" pour avoir récusé devant une commission d'enquête tout lien personnel avec la patronne de la fédération des crèches privées.
Accusée de mensonge devant une commission d'enquête
Après les révélations du livre Les Ogres de Victor Castanet sur les pratiques des crèches privées, des députés de gauche avaient en effet soupçonné Aurore Bergé d'avoir menti devant une commission d'enquête en novembre 2023, un délit passible de poursuites judiciaires.
Interrogée sur d'éventuels liens de proximité avec Elsa Hervy, déléguée de la fédération française des entreprises de crèches, elle avait reconnu devant les députés l'avoir "rencontrée" en 2008 lors de leur passage respectif à l'UMP mais ne pas avoir entretenu de relation avec elle depuis.
Problème: l'enquête de Victor Castanet avançait le contraire. D'après cet ouvrage, Elsa Hervy et Aurore Bergé, auraient échangé des "éléments de langage", textos à l'appui.
Soupçon d'intervention
Dans cette enquête, Victor Castanet qui avait déjà dénoncé les dérives des maisons de retraite dans Les Fossoyeurs, montre du doigt les pratiques des crèches privées, entre "voracité" financière, cas de maltraitance sur des bébés ou encore burn-out des personnels.
Aurore Bergé serait-elle intervenue pour étouffer la médiatisation de ces dysfonctionnements? En novembre 2023, après plusieurs scandales dans des crèches privées, la sortie de deux livres qui dénoncent des "usines" à bébés et un rapport alarmant de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), les députés La France insoumise avaient demandé la création d'une commission d'enquête.
À l'époque, la droite y était opposée tout comme une large partie du camp présidentiel. À ce moment-là, c'est Bérangère Couillard qui planche sur le dossier au gouvernement. La commission d'enquête a cependant bien eu lieu mais ses travaux se déroulent dans une ambiance délétère.
Une commission d'enquête aux conclusions débattues
Le rapport de la Commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les crèches publié en mai dernier 2024, près de 4 mois après l'arrivée d'Aurore Bergé au gouvernement au poste de ministre des Solidarités et des Familles , fait le constat d'un système "à bout de souffle", selon sa rapporteuse macroniste Sarah Tanzilli. Mais La France insoumise l'accuse de ménager le secteur privé lucratif.
Faut-il y voir l'ombre d'Aurore Bergé? L'auteur des Ogres avance que la jeune femme aurait pesé de tout son poids pour éviter une commission d'enquête - sans y parvenir donc - et avait préféré appuyer la création d'une mission flash aux pouvoirs bien moindres et à la durée beaucoup plus courte.
Aurore Bergé a annoncé déposer plainte pour diffamation contre Victor Castanet en octobre 2024, plusieurs semaines après la sortie des Ogres. L'ex ministre chargée de l'Égalité entre les hommmes et les femmes avait assuré avoir "renforcé la culture du contrôle" dans le secteur des crèches.
"Nous prenons acte de l’ouverture d’une instruction qui est la suite naturelle de la saisine de la Cour de justice de la République. Aurore Bergé répondra évidemment à toutes les demandes qu’aura cette dernière pour mener à bien son instruction", a avancé son avocate Jade Dousselin auprès de BFMTV.