Aide à mourir: la ministre de la Santé Catherine Vautrin va "compléter" le texte pour un accès plus encadré

La ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et de la Famille, Catherine Vautrin à la sortie de l'Elysée, le 19 mars 2025 à Paris. (Photo d'archive) - Ludovic MARIN © 2019 AFP
Sur le sujet de l'aide à mourir, le gouvernement est en quête '"équilibre". Celui-ci veut "compléter" la rédaction du texte en ce qui concerne la phase avancée et le délai de réflexion, pour un accès encore plus encadré, annonce ce dimanche 11 mai dans un entretien au Parisien la ministre de la Santé Catherine Vautrin.
Sur ce sujet sensible, "il y a une forte attente des Français mais elle doit être strictement encadrée. Le chemin est étroit et je recherche un équilibre entre ceux qui voudraient aller beaucoup plus loin et ceux qui estiment que le cadre actuel est suffisant", souligne-t-elle dans cette interview publiée à la veille du démarrage des débats dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
"Il ne s'agit pas de milliers de cas, ce sont des situations précises", plaide la ministre, assurant aussi que "ce n'est pas une légalisation de l'euthanasie".
"Le discernement est absolument majeur"
Le texte sorti de la commission des Affaires sociales entend permettre à des malades, avec une "affection grave et incurable" qui "engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale" et ne supportant plus leurs souffrances, de recevoir ou de s'administrer une substance létale.
"Je (le) complète avec les récentes préconisations de la Haute autorité de la santé (HAS) pour que l'accès à l'aide à mourir soit très encadré. Le gouvernement va déposer un amendement pour définir la 'phase avancée', à savoir 'l'entrée dans un processus irréversible marqué par l'aggravation de l'état de santé qui affecte la qualité de vie'", indique la ministre, qui sera l'invitée de BFMTV ce lundi matin à 8h35.
Comme "le discernement est absolument majeur", elle va aussi déposer "au nom du gouvernement un amendement pour rétablir le délai de réflexion incompressible de 48 heures à compter de l'accord des médecins".
La ministre ne donne "aucune consigne" de vote
Sur l'injection du produit, "le patient doit s'administrer la substance létale, cela doit être la règle", insiste la ministre, et "la réalisation par un professionnel de santé sera l'exception, même s'il y aura toujours la présence d'un soignant en cas d'auto-administration".
Catherine Vautrin, que ses "expériences de vie (...) ont fait évoluer" notamment autour de la maladie de Charcot, ne donne "aucune consigne" de vote mais espère "un consensus éclairé autour d'un texte équilibré". Quant à savoir si cette réforme sociétale, qui divise jusqu'au sein du gouvernement, sera adoptée avant la fin du quinquennat, elle se veut "extrêmement prudente" mais juge que "cela serait une bonne chose".
Le ministre de l'Intérieur LR Bruno Retailleau a dénoncé samedi ce texte, tandis que la chanteuse Line Renaud et l'ex-Premier ministre macroniste Gabriel Attal ont co-signé une tribune le défendant.