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Gilets jaunes: à bout de souffle, les maires des grandes villes réclament des aides

La mobilisation des gilets jaunes inquiète les maires des grandes villes.

La mobilisation des gilets jaunes inquiète les maires des grandes villes. - THOMAS SAMSON / AFP

Les maires des grandes villes s'inquiètent de plus en plus de l'impact économique des manifestations des gilets gilets jaunes, après le 13e samedi de mobilisation. Ils demandent une réunion d'urgence au gouvernement.

Après 13 semaines de mobilisation des gilets jaunes, ils aimeraient pouvoir vivre un samedi normal. Les maires des grandes villes ont demandé dimanche une réunion d'urgence au gouvernement alors que le montant des préjudices subis ne cesse d'augmenter.

Plusieurs millions d'euros

"Chaque samedi depuis 13 semaines les commerçants et habitants des grandes villes sont pris en otage par des casseurs en marge des manifestations des gilets jaunes", dénoncent plusieurs grandes villes dans un communiqué de l'association France Urbaine.

"L’impact sur les contribuables locaux (dégradations de biens publics, mobilisation des services de la ville et des forces de l’ordre, …) et sur les commerces (dégradations, pertes de recettes, pertes d’emplois, …) se chiffrent en millions d’euros dans nombre de grandes villes (Paris, Nantes, Rennes, Rouen, Bordeaux, Toulouse, Lyon, Saint-Etienne, Dijon, …)", poursuit l'association.

Après des mois de décembre et de janvier "catastrophiques", où "l'activité commerciale du centre-ville est complètement atone", les conséquences se font désormais ressentir, a assuré le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, lundi sur BFMTV. "Après les premiers licenciements et les efforts de trésorerie, on en est aux premiers redressements judiciaires. Il est temps que le gouvernement réagisse."

"Même si depuis 3-4 semaines les manifestations sont un peu plus calme à Saint-Étienne, il n'en reste pas moins que les habitants n'ont pas envie de se retrouver coincés dans les gaz lacrymogènes entre les manifestants et les policiers. Nos centres-villes sont donc désert", s'inquiète l'édile.

Des plans d'aides pour les commerçants

Même son de cloche à Toulouse, où le maire, Jean-Luc Moudenc, président de France Urbaine, a fait les comptes lors du dernier conseil municipal, vendredi dernier: la facture des dégâts sur le mobilier urbain public et privé, ainsi que les aides aux commerçants s'élève désormais à 5,65 millions d'euros.

"Ça fait trois mois qu'il y a un énorme problème au niveau économique, au niveau commercial", a alerté au micro de BFMTV, le maire de Toulouse.

Dans de nombreuses villes, les municipalités ont dû mettre la main à la poche pour réparer les dégâts et aider les commerçants lésés. A Saint-Etienne, la municipalité a mis sur un pied un plan de soutien de 300.000 euros. A Toulouse, la Ville a voté des exonérations de taxes pendant trois mois pour un montant d'un million d'euros. Et à Nantes, la maire Johanna Rolland a annoncé fin janvier un plan de 500.000 euros pour les commerçants, notamment pour aider ceux qui n'arrivent plus à trouver d'assurance acceptant de couvrir les risques de casses.

"Les collectivités territoriales ont fait le dos rond jusqu'à présent, ont accepté de contribuer à la remise en état, mais à un moment donné, ça suffit. Semaine après semaine, la facture enfle", a dénoncé sur BFMTV Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la mairie de Paris, qui estime à "10 millions d'euros" les dégâts en décembre, sans compter les pertes économiques des commerçants.

"Ce sont des soins palliatifs qui sont proposés"

Les élus réclament désormais une réponse rapide de l'État, notamment pour mieux lutter contre les casseurs. "Il y a un sentiment d'immense lassitude et de gâchis qui s'installe. Il faut trouver les moyens d'empêcher l'infiltration par des dizaines, des centaines de casseurs", regrette Emmanuel Grégoire. 

Par ailleurs, pour accompagner les commerçants, les élus réclament une aide financière de l'État, notamment "des exonérations de paiement pour les impôts et pour les charges", précise le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc.

Invitée sur le plateau de BFMTV lundi matin, Agnès Pannier-Runnacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Économie, a assuré que l'État était au côté des commerçants depuis le 26 novembre. "Nous avons activé la cellule de continuité économique", financé le chômage partiel à hauteur "de 35 millions d'euros", et décalé les échéances fiscales et sociales, a-t-elle listé. Malgré tout, ces dispositifs restent trop peu utilisés par les commerçants, concède-t-elle.

"Ce sont des soins palliatifs qui sont proposés. Il faut maintenant guérir le mal. Vous accompagnez la fin de vie des commerces", lui a répondu le maire de Saint-Etienne.

Gaël Perdriau estime cependant que l'annonce du Premier ministre d'un plan d'aide de trois millions d'euros pour les villes touchées va dans le bon sens. "Mais si on arrive à l'acte 20 ou 22, ça ne servira à rien (…). Les centres-villes sont en train de mourir dans un contexte déjà difficile."

Benjamin Rieth