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Politique

Gatignon en grève de la faim: « J'irai jusqu'au bout »

9 novembre 2012: Stéphane Gatignon, maire EELV de Sevran, en grève de la faim devant l'Assemblée nationale.

9 novembre 2012: Stéphane Gatignon, maire EELV de Sevran, en grève de la faim devant l'Assemblée nationale. - -

Stéphane Gatignon a passé sa troisième nuit sous une tente au pied de l'Assemblée nationale. Le maire EELV de Sevran (93) a entamé vendredi une grève de la faim, espérant obtenir des aides financières pour sa commune, l'une des plus pauvres de France.

Stéphane Gatignon, le maire EELV de Sevran (Seine-St-Denis), poursuivait lundi midi sa grève de la faim devant le Palais-Bourbon, décidé à « aller jusqu'au bout » pour obtenir de meilleures dotations pour les villes pauvres et en particulier la sienne, l'une des plus défavorisées de France.
« On en a marre de voir des ministres qui viennent nous voir, dans les moments de crise, pleurer les veuves et les orphelins mais la crise, c'est tous les jours en banlieue ! », accuse Stéphane Gatignon, en grève de la faim depuis vendredi après-midi, dans l'espoir de décrocher cinq millions d'euros pour sa ville de 51 000 habitants, en proie au chômage, à la misère sociale et au trafic de drogue.

Comment mieux répartir les richesses

« On vit dans une des régions les plus riches d'Europe mais une des plus inégalitaires aussi. Il va vraiment falloir voir comment mieux répartir les richesses du nouveau Grand Paris », déclare l'élu, assis sur une chaise pliante, à deux mètres de la tente igloo où il a déjà passé trois nuits.
Tout habillé de noir, avec bonnet et écharpe, en cette journée brumeuse de novembre, Stéphane Gatignon, 43 ans, affiche toujours la même détermination à obtenir une meilleure dotation pour les municipalités pauvres, dans le cadre du débat budgétaire sur les collectivités locales discuté lundi et mardi à l'Assemblée.
« La grève c'est dur, dit-il encore, mais la violence, dans les banlieues, elle est là tous les jours (...). J'ai l'impression de pisser dans un violon depuis dix ans, alors pour moi, c'était soit l'abandon et la démission, soit le combat ! »
« J'ai choisi le combat parce qu'il y a la gauche au pouvoir et qu'il y a donc encore un peu d'espoir », veut croire Stéphane Gatignon, alors que Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, Claude Bartolone, le président PS de l'Assemblée et Elisabeth Guigou, député de Seine-Saint-Denis, sont venus lui rendre visite.

La grève de la faim: une méthode qui divise

Stéphane Gatignon peut compter sur le soutien notoire de Manuel Valls, qui lui a transmis « un message de solidarité et d'amitié ». Le ministre de l'Intérieur lui aurait promis de « faire passer des messages ».
Mais le soutien d'un poids lourd du gouvernement ne suffit pas à masquer les divergences, au sein-même de la majorité. Ainsi Marylise Lebranchu, la ministre de la Réforme de l'Etat, affirme que Sevran fait déjà partie des communes qui profitent le plus de la Dotation de solidarité urbaine (DSU), proportionnellement à sa population.
De même, François Lamy, ministre délégué à la Ville, ne cache pas son agacement devant la grève de la faim de Stéphane Gatignon : « Il n'a pas demandé à me rencontrer ».
En rendant visite à Stéphane Gatignon sous sa tente, Claude Bartolone, le président PS de l'Assemblée nationale, lui a dit « ne pas être d'accord » avec la forme de son action, tout en comprenant « son combat » pour les communes pauvres.
Dans l'opposition, l'action "coup de poing" du maire écologiste de Sevran fait aussi réagir Valérie Pécresse, chef de file de l'UMP francilienne : « Je ne crois pas à la politique spectacle ». Selon elle, les élus de Seine-Saint-Denis « ont plongé ce département dans un gouffre financier sans fond en contractant des emprunts toxiques qui ont ruiné le département ».

Alexandre Le Mer, avec AFP