"Panama papers": des proches de Marine Le Pen mis en cause

Frédéric Chatillon, proche de Marine Le Pen est mis en cause dans le scandale des "Panama Papers". - Capture BFMTV
Frédéric Chatillon avait "pris les devants", dès lundi soir. Et ce mardi matin, l'information est tombée: l'enquête du Monde sur les "Panama papers", menée avec le concours du Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ), vient de révéler l'implication dans ce vaste scandale d'évasion fiscale de ce proche du Front national.
Ce membre du premier cercle de fidèles de Marine Le Pen, déjà mis en examen dans le cadre de l'enquête sur le financement des campagnes présidentielle et législatives de 2012 du parti d'extrême droite, a, selon le quotidien, mis en place "un système offshore sophistiqué" entre "Hong Kong, Singapour, les îles Vierges britanniques et le Panama", écrit ce mardi Le Monde. Le tout avec le concours de l'expert comptable Nicolas Crochet, ex-conseiller économique de Marine Le Pen.
Objectif: "sortir de l’argent de France, au moyen de sociétés écrans et de fausses factures avec la volonté d’échapper aux services antiblanchiment français".
Plus de 300.000 euros sortis du territoire français
Frédéric Chatillon, un ancien responsable du GUD - un syndicat étudiant d'extrême droite - est le fondateur de l'entreprise Riwal, qui est devenue prestataire du FN pour la communication lors des campagnes électorales depuis l'arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti.
Pour rappel, en avril 2014, une enquête avait été ouverte sur le financement du Front national, débouchant sur la mise en examen de Frédéric Chatillon pour "escroquerie", "faux et usage de faux", "abus de biens sociaux" et "blanchiment d'abus de biens sociaux" le 23 janvier 2015.
Montage financier complexe
Selon Le Monde, les "Panama papers" mettent au jour un montage complexe, passant notamment par l'acquisition de la société-écran Time Dragon basée à Hongkong, dont la maison mère est elle-même domiciliée aux îles Vierges britanniques, via la firme panaméenne Mossack Fonseca, au centre du scandale.
"En 2012, juste après l'élection présidentielle, Frédéric Chatillon s'organise, avec le concours de Nicolas Crochet, pour faire sortir 316. 000 euros de Riwal et du territoire français", écrit notamment le quotidien.
Le système passe également par une société hongkongaise appartenant au frère de Nicolas Crochet, Ever Harvest Garments, une "fausse facture censée régler la réalisation des sites Internet du Rassemblement Bleu Marine pour les législatives", et divers transferts de fonds.
Des opérations légales, selon Chatillon
Lundi soir, Frédéric Chatillon a assuré dans un post Facebook avoir "mis à disposition des (...) journalistes les documents prouvant la parfaite légalité de ces opérations":
"Voilà l’histoire d’une entreprise française qui a investi en toute légalité en Asie. Bien évidemment, le Front national n’a rien à voir ni de près ni de loin avec cette affaire privée", a-t-il promis.
De son côté, le FN avait assuré dans un communiqué séparé n'être "pas impliqué dans l'affaire des Panama papers".
Le majordome de Jean-Marie Le Pen visé
Le Monde s'est aussi intéressé à Gérald Gérin, ancien majordome de Jean-Marie Le Pen, qui a reconnu être l'ayant droit depuis 2008 du trust Balerton Marketing, une entité créée en 2000 et qui apparaît sur les fichiers du cabinet Mossack Fonseca. Il en est devenu l'ayant-droit après la mort du frère de Jany Le Pen, Georges Paschos, premier bénéficiaire de cette société-écran.
"Les registres de la firme livrent des documents-clé: l'acte de naissance de Balerton, le nom de son représentant légal (l'avocat suisse Marc Bonnant) et la mention d'un compte en banque à Guernesey", indique le quotidien. "Le magot de Balerton se divise en billets (97.000 euros), en titres (pour l'équivalent de 854. 000 euros), en lingots (26) et autres pièces d'or", ajoute Le Monde.