BFMTV
Rassemblement national

"Nous avons été espionnés": Jean-Philippe Tanguy dénonce "une situation complètement irréaliste" après les perquisitions au RN

placeholder video
Mercredi, le siège du RN a fait l'objet dans la matinée de perquisition dans le cadre d'une enquête pour des soupçons d'irrégularité sur le financement électoral du parti d'extrême droite. Le député RN Jean-Philippe Tanguy dénonce "une situation complètement irréaliste"

"Nous avons été espionnés", a jugé Jean-Philippe Tanguy, député du Rassemblement national, ce jeudi 10 juillet sur BFMTV-RMC, au lendemain d'une perquisition au siège du parti d'extrême droite, visé par une enquête pour des soupçons d'irrégularité concernant le financement de certaines de ses campagnes électorales récentes.

Le parlementaire de la Somme met en cause la justice, comme sa formation a déjà pu le faire à maintes reprises dans d'autres cas. "L'espionnage" serait le fait "de juges ou d'un juge en particulier qui estime qu’il doit connaître toutes les affaires et tous les détails de la campagne du principal parti d’opposition", selon lui.

"Ils sont allés tout vérifier, ils ont ouvert des dossiers qui n’ont rien à voir avec le sujet", a-t-il accusé.

Des prêts jugés suspects

La veille, le président du RN Jordan Bardella avait évoqué la présence d'une "vingtaine de policiers de la Brigade financière, armés et en gilets pare-balles, accompagnés de deux juges d’instruction."

Une information judiciaire a été ouverte il y a un an, après un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). La justice soupçonne le RN d'avoir contourné les règles du financement électoral en ayant eu un recours excessif aux prêts de particuliers. Sont concernées: les campagnes du RN pour la présidentielle et les législatives de 2022, ainsi que pour celle pour les européennes de 2024, sont dans le viseur de la justice.

Les prêts sont autorisés pour les candidats, mais ne doivent pas être "effectués à titre habituel", ni "excéder une durée de cinq ans; ils ne sauraient constituer des dons déguisés", indique le site de l'Assemblée nationale. La CNCCFP estime que le caractère "habituel" est caractérisé à partir de cinq prêts pour un montant total supérieur à 75.000 euros.

"Il n'y a aucun prêt qui a été fait en dehors des clous", a assuré Jean-Philippe Tanguy sur BFMTV-RMC. Déplorant que le "caractère habituel" ne soit pas défini, l'élu d'extrême droite a interrogé: "Comment voulez-vous que les partis politiques puissent deviner une disposition qui n'est même pas inscrite ni dans la loi ni dans le décret du Conseil d'État?"Et de dénoncer une "situation complétement irréaliste."

D'après la CNCCFP, le RN est le parti qui a eu le plus recours à des prêts de particuliers: 13 en 2021 sur un total de 764 tous partis confondus, puis 425 en 2022 (sur un total de 492) et encore 96 en 2023 (sur un total de 123).

D'autres affaires en cours pour le RN

Au total, le RN affichait fin 2023 plus de 20 millions d'encours à rembourser "auprès de personnes physiques", le plus ancien remontant à 2007. "Il est essentiel que ces prêts soient remboursés, sinon ce sont des dons déguisés", a expliqué début juillet Christian Charpy, président de la CNCCFP.

"Nous n'avons jamais considéré évidemment que ces prêteurs pouvaient se substituer à un financement bancaire qui, malheureusement, nous est interdit", s'est défendu Jean-Philippe Tanguy, estimant que le refus des banques françaises de prêter au parti de Marine Le Pen était "le problème de base".

Les perquisitions effectuées ce mercredi interviennent dans une séquence qui était déjà délicate pour le RN sur le plan judiciaire. La veille, le parquet européen a annoncé l'ouverture d'une enquête le visant ainsi que son ancienne famille politique au Parlement européen pour des soupçons d'irrégularité.

Par ailleurs, le 31 mars dernier, Marine Le Pen a écopé, entre autres, d'une peine d'inéligibilité avec exécution immédiate en première instance, pour détournement de fonds public, dans le cadre du procès des assistants parlementaires du Front national.

Baptiste Farge