BFMTV
Rassemblement national

Jean-Marie Le Pen, trouble-fête de l’université d'été du FN

-

- - -

Marine Le Pen tient samedi et dimanche l'université du FN à Marseille. L'occasion de donner le coup d'envoi des élections régionales. Mais en interne, on craint surtout que l'intrusion du "provocateur" Jean-Marie Le Pen, exclu de la formation d'extrême droite en août, ne fasse échouer ce qui est vu comme l'opportunité d'un nouveau départ.

Menace d'une intrusion de Jean-Marie Le Pen, craintes pour la sécurité du rassemblement, risque de donner l'image d'un parti pas encore prêt pour les élections régionales... La grand-messe frontiste de ce week-end s'annonce compliquée. Marine Le Pen réunit ses troupes samedi et dimanche à Marseille pour une université d'été axée sur le scrutin de décembre et la crise migratoire, mais qui risque d'être perturbée par l'encombrant Jean-Marie Le Pen, décidé à s'y inviter malgré son exclusion du Front national le 20 août.

Officiellement, la cité phocéenne va être le théâtre de deux jours de travail intensif, avec 2.000 personnes attendues pour le discours de clôture de la présidente du FN dimanche à 15h15. Au menu, très étoffé de ce rendez-vous de rentrée, "mondialisme", questions régaliennes (dont une table ronde "Communautarismes, Islamisme, Terrorisme") ou régions, avec le micro ouvert pour tous les ténors frontistes.

Marine Le Pen a indiqué à l'AFP vouloir "travailler sur les sujets de fond, les crises qui secouent la France, la santé, l'immigration, le fondamentalisme, les islamistes, mais aussi la réforme territoriale, l'agriculture... L'ensemble de ces crises est hors contrôle, le gouvernement et l'UMP (désormais Les Républicains) n'ont aucune solution et en portent la responsabilité". 

> Jean-Marie Le Pen devrait jouer les trouble-fêtes

Cependant, au siège du parti, officieusement on croise les doigts pour que le "provocateur" Jean-Marie Le Pen ne fasse pas échouer ce qui est vu comme l'opportunité d'un nouveau départ. Mercredi, Marine Le Pen a comparé son père à une "petite Femen", hommage ironique à sa capacité à perturber les rendez-vous frontistes, celui-ci lui retournant un parallèle avec "Lady MacBeth", qui "n'arrive pas à se laver les mains rouges de sang" du "parricide" qu'elle aurait commis.

C'est que le patriarche entend s'exprimer samedi lors d'un déjeuner-débat dans la capitale provençale où se réuniront tous ses soutiens locaux. Mais aussi se rendre à l'Université d'été du FN, parti qu'il a co-fondé et dont il est pourtant exclu depuis le 20 août (son avocat rédige un recours ces jours-ci), sans y avoir été convié. Selon les informations du Parisien jeudi, il pourrait même venir devant les grilles du parc Chanot, où se déroulera l'évènement, flanqué d'un huissier de justice.

"Il viendra avec un imper rouge", référence au défilé frontiste du 1er mai lorsqu'il s'est invité sur scène juste avant le discours de sa fille, "mais aussi avec un gyrophare sur la tête", anticipe, aussi fataliste qu'amusé, un dirigeant frontiste.

> "Tri sélectif des journalistes"

Une journaliste de Mediapart s'est vu refuser l'accréditation pour couvrir le rassemblement, a-t-on par ailleurs appris vendredi. "Comme chaque année, ils ne sont pas invités", a indiqué à l'AFP Alain Vizier, directeur du service de presse du FN. Marine Turchi, journaliste de Mediapart chargée de la couverture du FN, a expliqué à l'AFP avoir "fait une demande d'accréditation au directeur du service de presse du FN, par mail". "J'ai reçu immédiatement une réponse négative d'une ligne, sans aucune explication ou motif de refus", a-t-elle ajouté.

"Marine Le Pen opère un tri sélectif des journalistes et démontre qu'elle ne tolère et ne respecte toujours pas la liberté de la presse et la liberté d'informer", a dénoncé cette journaliste, qui se voit régulièrement refuser l'accès aux événements organisés par le Front national depuis 2012. Elle avait été exclue de l'université d'été des jeunes frontistes en septembre 2014 à Fréjus (Var), après avoir assisté à une partie des débats.

> Se montrer prêt pour les régionales

Le parti d'extrême droite compte sur ce rassemblement pour mettre le cap sur les élections régionales de décembre. Marine Le Pen ambitionne de remporter "quatre à cinq régions", surtout le Nord-Pas de Calais-Picardie où elle se présente, et Paca où la liste FN est emmenée par sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen.

Mais, alors que plusieurs listes dissidentes sont en cours de finalisation, le FN va-t-il réussir à se montrer en ordre de marche pour les régionales? "C'est pas gagné", s'inquiète un ténor. Un proche de Nicolas Sarkozy se délecte déjà: "Qui peut penser que ce qui se passe au FN n'a pas d'influence sur le FN?". "Ça meuble pour iTélé et BFMTV, mais ça n'est pas un sujet pour les Français", dit-on pourtant dans l'entourage de Marine Le Pen.

Le Front national, pour reprendre une expression marseillaise, ne "craint dégun", personne, certifie ce proche: "'Le Pen' va faire un numéro de victime avec des larmes de crocodile, ça sera le dernier épisode du feuilleton médiatique".

la rédaction avec AFP