De 1974 à 2007, les campagnes présidentielles qui ont fait la carrière de Jean-Marie Le Pen

Jean-Marie Le Pen à l'annonce des premières estimations du premier tour de l'élection présidentielle de 2002 - ERIC FEFERBERG / AFP
La disparition d'une figure centrale de l'extrême droite française, et d'un vétéran de la Ve République. Jean-Marie Le Pen, mort ce mardi 7 janvier à l'âge de 96 ans, a exercé de nombreux mandats et mené de nombreuses campagnes au cours de sa carrière.
Le "Menhir", patron du Front national dès sa fondation en 1972, s'est présenté à cinq reprises à l'élection présidentielle, faisant progresser son parti à chaque scrutin. Sa quatrième participation, quand il atteint pour la première fois le second tour, fut la plus retentissante.
· 1974: première campagne présidentielle
Jean-Marie Le Pen se présente pour la première fois à l'élection présidentielle en 1974. Il vient alors d'être placé à la tête du tout jeune Front national, parti fondé en 1972 par des membres de l'organisation néofasciste Ordre nouveau et d'autres militants d'extrême droite comme l'ancien nazi Pierre Bousquet.
Connu pour son engagement au sein des rangs poujadistes à l'Assemblée et son combat pour l'Algérie française, il mène sa première campagne présidentielle après avoir dirigé celle du candidat d'extrême droite Jean-Louis Tixier-Vignancour en 1965.
Avec son slogan "La droite qui ose dire son nom", celui qui porte alors un cache-œil ne récolte que 0,75% des voix. Après le premier tour, il appelle à voter pour Valéry Giscard d'Estaing.

· 1988: une quatrième place malgré les polémiques
En 1988, Jean-Marie Le Pen participe à sa seconde élection présidentielle après avoir échoué à réunir suffisamment de signatures pour celle de 1981. Son parti est alors en pleine ascension, fort de l'élection de 35 députés FN aux législatives de 1986.
Le président du parti est alors déjà marqué par les polémiques, après avoir assimilé l'assassinat par les nazis de millions de juifs dans des chambres à gaz à "un point de détail de la Seconde Guerre mondiale".
Cette sortie négationniste ne l’empêche pas de faire un excellent score. Il récolte 14,4% des voix et arrive en quatrième position derrière François Mitterrand, Jacques Chirac et Raymond Barre. Dans l'entre-deux-tours, le patron du RPR, en recherche de voix pour renverser François Mitterrand, le rencontre. Mais Jean-Marie Le Pen ne donne aucune consigne de vote.

· 1995: le FN s'installe dans le paysage
Jean-Marie Le Pen confirme lors de l'élection présidentielle de 1995 son statut de quatrième homme de la scène politique française. Avec pour slogan "il faut tout changer", il obtient 15% des voix et arrive derrière Lionel Jospin, Jacques Chirac et Edouard Balladur.
Dans l'entre-deux-tours, il refuse de choisir entre le candidat de la gauche et celui de la droite. "Chirac, c'est Jospin en pire", assène-t-il.
· 2002: le coup de tonnerre
L'élection présidentielle de 2002 est le plus grand succès de la carrière politique de Jean-Marie Le Pen. Malgré un parti affaibli par le départ fracassant de Bruno Mégret, il se hisse à la surprise générale au second tour, une première pour un candidat d'extrême droite dans l'histoire de la Ve République.
Recueillant quelque 16,86% des voix, il dépasse le candidat socialiste Lionel Jospin après une campagne marquée par les questions d'insécurité, dont le symbole a été l'affaire de "Papy Voise". Un homme de 72 ans avait été agressé à Orléans par deux jeunes hommes qui ont ensuite incendié son pavillon. Une histoire qui a bouleversé l'opinion publique.
Jean-Marie Le Pen est très largement battu au second tour par Jacques Chirac (82,21% contre 17,79%), qui avait refusé de débattre avec lui alors qu'un million de Français descendaient dans les rues pour marcher contre l'extrême droite.
· 2007: "l'original à la copie"
À l'âge de 78 ans, Jean-Marie Le Pen se lance en 2007 dans sa dernière campagne présidentielle. Concurrencé par Nicolas Sarkozy qui multiplie les déplacements et les propositions sur l’immigration, il appelle à préférer "l’original à la copie".
Un appel qui ne sera pas entendu par les électeurs. Il ne récolte que 10% des voix, son plus mauvais score depuis l'élection présidentielle de 1974. Il invite ensuite ses électeurs à "s'abstenir massivement" au second tour, comparant le duel Hollande-Sarkozy à un choix entre "bonnet rose et rose bonnet".