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Florange : confiance rompue entre syndicats et gouvernement

Des salariés d'ArcelorMittal

Des salariés d'ArcelorMittal - -

Alors qu’ArcelorMittal a retiré la candidature de Florange au projet européen Ulcos, le gouvernement assure que le groupe sidérurgique tiendra ses engagements. Ecœurés, les syndicats promettent de poursuivre le combat.

Ecœurés, trahis. Les syndicalistes de Florange estiment que le gouvernement les a lâchés. Jeudi, la Commission européenne a annoncé qu'ArcelorMittal se retirait du projet Ulcos de reconversion du site de Florange, en raison de « difficultés techniques ». Une annonce qui a considérablement réduit les derniers espoirs de voir redémarrer un jour la filière liquide.
Le gouvernement a tenté de rassurer les syndicats. François Hollande a promis que l’accord avec ArcelorMittal serait tenu. « Je peux ici dire que ces engagements seront tenus et que j’en serai avec le gouvernement le garant », a-t-il déclaré.

« On a été trahis »

Mais la confiance semble rompue. Edouard Martin, délégué CFDT de Florange, a déclaré avoir désormais « deux ennemis : Mittal et le gouvernement ». « L’encre de Matignon n’est pas sèche que le père Mittal vient nous enfoncer un deuxième coup de poignard, s’est-il indigné. Le premier coup de poignard c’est Ayrault qui nous l’a mis. On va se battre, on a été trahis. Je veux vous dire aussi que notre détermination est aussi forte que notre écœurement ». Le syndicaliste a expliqué que tout était organisé pour que l'alimentation en gaz des hauts fourneaux soit assurée. Il souhaite maintenant un « engagement ferme de la part de l'Etat ».

« On se demande si on n’est pas en train de se faire entuber »

Du côté de la classe politique, on se demande si l’accord avec Mittal tiendra et espère que le gouvernement restera ferme. « On est en train de se demander si on n’est pas en train de se faire entuber purement et simplement, explique Michel Liebgott, député PS de Moselle. On est passé effectivement d’une menace très précise qui était la nationalisation transitoire avec repreneur à une situation où ArcelorMittal a senti qu’il a peut-être à nouveau toutes les libertés d’agir. Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault doit faire preuve d’une extrême fermeté à l’encontre d’ArcelorMittal pour que ces engagements soient respectés ». Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF estime que le gouvernement doit construire une « vraie vision industrielle d’avenir ».

« Urgent de reprendre pied »

Certains estiment que Jean-Marc Ayrault a mal géré le dossier. « Je crois qu’il a fait une erreur de croire que le compromis que lui proposait Mittal était suffisant, mais la double erreur ça a été de croire qu’il allait le tenir, estime Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice PS de Paris. Je ne comprends pas que le Premier ministre n’ait pas vu à quel point il était périlleux de signer cet accord. Donc il est urgent de reprendre pied sur une nationalisation temporaire. On peut tous faire des erreurs dans la vie, mais le pire serait de persévérer ».
Des propos que ne partage pas Olivier Faure, député PS de Seine-et-Marne : « Jean-Marc Ayrault est complètement à la hauteur. Si je devais résumer : pas de salariés licenciés, 180 millions d’euros d’investissements et un projet pour relancer la filière chaude sans mobiliser l’argent public. Je préfère qu’on mette des investissements partout où on en a besoin plutôt que de racheter l’actif de M. Mittal pour lui permettre d’être indemnisé pendant qu’on nationalise ».