Fleur Pellerin appelle à un "vrai débat public" sur la laïcité

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Ils sont un peu plus d'une centaine. La philosophe Elisabeth Badinter, la journaliste de Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui, le chercheur en géopolitique Frédéric Encel, l'historien et philosophe Marcel Gauchet, le conseiller départemental PS de l’Essonne Jérôme Guedj, le cinéaste Abderrahmane Sissako, mais aussi l'ancienne ministre de la Culture Fleur Pellerin. Plusieurs personnalités venant "de la gauche" et inquiètes de voir la République et la laïcité aujourd'hui "malmenées" signent cette semaine dans Marianne un "manifeste pour un printemps républicain".
Profitant du contexte des attentats "pour faire encore progresser leurs idéologies délétères", écrivent les intellectuels, politiques et acteurs de la société civile signataires, "l’extrême droite comme l’islamisme politique sont à la manœuvre pour tenter de jouer avec les peurs et les tensions qui traversent la société française."
"A chaque fois, c’est la République qui est attaquée. A chaque fois, ce sont ses principes de liberté, d’égalité, de fraternité et de solidarité qui sont pris à partie. C’est son esprit laïque qui est mis en cause. A chaque fois, ce sont ses défenseurs qui sont pointés du doigt", s'alarment-ils.
Que la laïcité "redevienne l’affaire de tous"
D'où l'idée de ce texte pour réaffirmer la laïcité comme "ciment du contrat social républicain":
"Il y a quelques années encore, la laïcité était comme l’air que nous respirons, une évidence. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Remise en cause de toutes parts, manipulée à des fins politiques par certains, attaquée à des fins religieuses par d’autres, ignorée de beaucoup par indifférence, elle ne semble plus défendue que par quelques-uns, dont nous sommes, bien évidemment", poursuivent-ils.
"Nous voulons plus et mieux. Nous voulons qu’elle redevienne l’affaire de tous et de chacun, qu’elle reprenne toute sa place au cœur de notre contrat civique et social."
"Faire rayonner les valeurs républicaines"
Dans un entretien à l'hebdomadaire, Fleur Pellerin revient sur cette démarche. L'ex-ministre, débarquée du gouvernement lors du dernier remaniement, dénonce "deux postures": "une approche consistant à refuser la discussion, et selon laquelle tous ceux qui s'inquiètent des accommodements imposés à la laïcité sont des islamophobes et des racistes" et une autre, "ceux qui estiment qu'il n'y a aucun problème et que la laïcité est appliquée". "Tous sont dans un déni total et refusent de voir la montée de la radicalisation d'un certain nombre de pratiques", s'inquiète-t-elle.
Elle appelle donc à "une véritable discussion démocratique sur des questions qui sont des menaces réelles pour le pacte républicain":
"Le but de ce manifeste est d'ouvrir un espace à ce débat qui aujourd'hui n'existe pas ou n'est pas pris en charge par ceux qui devraient l'animer comme les élus de la République et le gouvernement", dit-elle. "Mettre des mots sur des concepts qui peuvent sembler abstraits et définir un guide d'action pour faire rayonner et partager ces valeurs républicaines".