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Politique

Euthanasie : le débat sur la fin de vie divise les Français

Faut-il autoriser l’euthanasie ? C’est la question qui se pose et pour laquelle François Hollande veut un débat national malgré les réticences du Comité consultatif d’éthique qui s'oppose à cette pratique.

Faut-il autoriser l’euthanasie ? C’est la question qui se pose et pour laquelle François Hollande veut un débat national malgré les réticences du Comité consultatif d’éthique qui s'oppose à cette pratique. - -

Un débat national sur la « fin de vie » et une loi sur l’euthanasie d’ici la fin de l’année : ce sont les annonces de François Hollande lundi, après la remise de son rapport par le Comité consultatif d'éthique.

Faut-il autoriser l’euthanasie ? C’est la question qui se pose et pour laquelle François Hollande veut un débat national malgré les réticences du Comité consultatif d’éthique qui s'oppose à cette pratique, dans un rapport remis lundi, à une légalisation de cette pratique ainsi qu’à l'assistance au suicide. Le président souhaiterait un projet de loi sur le sujet avant la fin de l'année. Le Comité préconise plutôt d'améliorer les conditions de fin de vie, en élargissant notamment l'accès aux soins palliatifs, en améliorant l’accompagnement. Le rapport prône le droit à la "sédation profonde" ou "sédation terminale" pour les patients qui en font la demande : cela revient à atténuer sa vigilance, parfois jusqu'à lui faire perdre connaissance, sans accélérer pour autant le moment du décès.

« Le temps, meilleur formateur »

Autre proposition : renforcer la formation des soignants ainsi que leur capacité d’écoute et de dialogue. Même si tous les soignants conviennent que la formation peut être améliorée, en soin palliatif, il y a parfois des questions auxquelles il est difficile d’apporter des réponses. « La formation initiale il l’a faut, explique sur RMC Sandrine Livolsi, cadre de santé depuis 7 ans dans ces services. Mais cette formation ne donne pas obligatoirement toutes les clés. Les jeunes en fin de vie c’est aussi très difficile pour nous car ça renvoie à une forme d’injustice ». Selon elle, seul le temps peut permettre d’espérer acquérir l’expérience nécessaire dans ces situations.

« Endormir pour effacer la souffrance »

« Lorsqu’un patient arrive au bout de sa vie et qu’il présente un symptôme insupportable et qu’il souffre on l’endort pour être sûr qu’il ne souffre pas », raconte Vincent Morel, président de la Société Française d'Accompagnement et de soins Palliatifs. D'après lui, en soins palliatifs, les médecins devraient avoir plus souvent recours à cette méthode autorisée par la loi. « Je le fais quasiment toutes les semaines, explique-t-il encore. J’ai eu la semaine dernière un patient qui avait des problèmes respiratoires alors qu’approchait le terme de sa vie, je n’allais pas le laisser mourir en étouffant. Après en avoir discuté avec lui et sa famille, je l’ai endormi. Il est décédé 48h après à cause de sa maladie mais soulagé et c’est ça l’essentiel. La sédation en phase terminale, c’est important qu’elle soit mieux connue mieux diffuser pour que les patients soient sûr qu’ils puissent en bénéficier ».

« Quand il n’y a plus rien à faire, je ne vois pas ce qui empêche cette demande »

Eric Dudoit est psychologue clinicien dans une unité de soins palliatifs de l’hôpital de la Timone à Marseille. Selon lui, il faut bien évidemment renforcer les soins palliatifs mais il faut aussi aller plus loin. Il appelle à briser certains tabous, comme celui de l'assistance au suicide. « Si je suis favorable au suicide assisté c’est à cause de ce que j’ai vu ici depuis plus de 18 ans. Je pense que quand quelqu’un est très au clair avec sa fin de vie, qu’il n’y a plus rien à faire, qu’il est conscient de ce qu’il va lui arriver et qu’il demande un suicide assisté, je ne vois pas ce qui empêche cette demande. Bien sûr, il faut qu’elle soit contrôlée, cadrée, comme dans les autres pays européens qui l’autorisent ».

Tugdual de Dieuleveult avec L. Dian et M. Loyen