Visé par une enquête pour "concussion" et "recel de délit", Éric Piolle suspendu de son mandat de porte-parole des Écologistes

Le maire grenoblois Éric Piolle le 25 août 2022 lors des universités d'été de son parti, EELV, à Grenoble le 29 décembre 2023 - OLIVIER CHASSIGNOLE / AFP
Le maire de Grenoble Éric Piolle a été suspendu ce mardi 16 septembre de son mandat de porte-parole des Écologistes à titre conservatoire, dans le cadre de l'instruction judiciaire ouverte contre lui à Grenoble pour "concussion" et "recel de délit", a appris l'AFP auprès du parti et de l'élu, confirmant une information de l'Opinion.
Éric Piolle "a été suspendu à titre conservatoire de son mandat de porte-parole, et n'est plus membre du bureau politique à titre conservatoire", a indiqué la direction du parti.
"Le conseil disciplinaire a considéré que les soupçons qui pèsent sur lui et qu'il n'a pas souhaité démentir peuvent avoir des conséquences sur le parti et sa réputation", ajoute la même source.
Le maire refuse "de démentir"
Selon la décision du conseil disciplinaire notifiée à l'élu ce mardi matin, le refus du maire de Grenoble "de démentir -en interne comme en externe-" ce qui lui est reproché "est constitutif d'une enfreinte à nos valeurs de base (transparence, probité, coopération, etc.)" et "est par ailleurs incompatible pour la fonction de porte-parole".
Une enquête a été ouverte début juin 2024 contre le maire écologiste à la suite d'un article du Canard Enchaîné l'accusant d'avoir organisé un tour de passe-passe budgétaire pour verser indûment 16.800 euros à son ancienne première adjointe, aujourd'hui députée LFI, Elisa Martin.
Éric Piolle, qui n'a pour l'instant pas été auditionné par la justice, ni mis en examen, accuse un ancien collaborateur de vouloir lui nuire dans cette affaire.
Le maire de Grenoble a été élu en avril dernier par les adhérents du parti porte-parole des Écologistes, contre la volonté de la secrétaire nationale Marine Tondelier, qui lui préférait un autre candidat. La direction disait s'inquiéter des répercussions de l'enquête judiciaire sur l'image du parti.
Après son élection, le bureau politique avait souhaité s'entretenir avec Éric Piolle sur cette affaire, mais celui-ci n'a pas souhaité confirmer ou infirmer les faits qui lui sont reprochés.
Une décision "politique absurde"
Le bureau politique a alors saisi avant l'été le conseil disciplinaire du parti, instance indépendante, qui a auditionné le maire de Grenoble, mais celui-ci a refusé une nouvelle fois de s'exprimer sur les faits, disant se tenir à la disposition de la justice, mais ne pas vouloir entretenir une spirale médiatique sur cette affaire.
"Ils me suspendent pour atteinte aux valeurs du parti, par manque de transparence", a expliqué Éric Piolle à l'AFP, critiquant une décision "politique absurde", et rappelant que les militants l'avaient choisi comme porte-parole, par 300 voix d'avance sur son concurrent, "en connaissance de cause".
L'élu, qui ne se représente pas aux municipales à Grenoble, va regarder ses moyens de recours, "qui peuvent être juridiques", a-t-il précisé.
Les écologistes grenoblois doivent se prononcer dimanche sur la candidate qui mènera la bataille pour les municipales de 2026.
"La priorité ce doit être les municipales, pas les règlements de comptes entre ex-amis pour je ne sais quelles raisons", a déploré auprès de l'AFP un candidat écologiste aux municipales.