Marine Tondelier "très perplexe" face à la présence du RN à la réunion sur la guerre en Ukraine à l'Élysée

Marine Tondelier charge le Rassemblement national. La secrétaire nationale des Écologistes se dit "très perplexe" ce jeudi 20 février sur BFMTV-RMC face à la présence du parti d'extrême droite à la réunion des chefs de parti autour d'Emmanuel Macron sur la situation en Ukraine.
"Ces patriotes de pacotille, qui nous donnent des leçons de patriotisme toute la semaine, sont en fait en France les représentants de Poutine et de Trump. Et c’est avec eux que l'on va discuter de la sécurité nationale? J'ai un petit doute sur le fait d'en parler avec eux à la table", tance-t-elle.
Marine Tondelier, qui assistera aux échanges à l'Élysée (prévus à partir de 11h) souligne en ce sens que Louis Aliot, vice-président du RN, représentera la formation lepéniste. Or, ce dernier était "présent à la cérémonie d'investiture de Trump", appuie-t-elle.
Depuis son retour au pouvoir, le président américain a opéré une rupture stratégique majeure dans la politique des États-Unis vis-à-vis de l'Ukraine. Il a entamé des négociations directement avec Moscou la semaine dernière, faisant craindre aux alliés de Kiev un accord de paix sous forme de capitulation pour le pays agressé par la Russie. "Quand Emmanuel Macron prends le temps en urgence de convoquer tous les chefs de partis, ce n’est pas de très bon augure", relève Marine Tondelier.
Jordan Bardella à Washington
Face à la la deuxième élection de Donald Trump, le RN s'est montré plus mesuré que son allié Éric Ciotti ou le parti d'Éric Zemmour, Reconquête. Tout en saluant le "patriotisme" du locataire de la Maison Blanche, Jordan Bardella faisait un pas de côté, cherchant à éviter d'endosser les futures décisions protectionnistes des États-Unis et leurs conséquences pour la France.
Pour autant, la participation du même Jordan Bardella à une grande messe conservatrice ce vendredi à Washington - d'où la présence de Louis Aliot à la réunion sur l'Ukraine - apparaît comme un rapprochement avec le trumpisme, alors que le président du RN reprend les mots du vice-président américain en estimant que "la liberté d'expression" subit "une attaque sans précédent".
Concernant la Russie, le RN est régulièrement mis en cause par ses opposants, que ce soit pour son prêt contracté auprès d'une banque tchéco-russe en 2014, la rencontre entre Marine Le Pen et Vladimir Poutine à un mois du premier tour de l'élection présidentielle de 2017 ou plus généralement un discours jugé pro-russe.
Si le parti d'extrême droite a cherché à se défaire de cette image poutinophile, d'autant plus avec le début de la guerre en Ukraine, le sujet lui est revenu comme un boomerang en juin 2023.
L'extrême droite s'est retrouvée prise à son propre piège: une commission d'enquête sur les ingérences étrangères en France, qui avait vu le jour à l'initiative du député RN Jean-Philippe Tanguy, a eu l'effet inverse de l'objectif escompté, celui de défaire les accusations de russophilie. En effet, la rapporteure Renaissance de la commission, Constance Le Grip, a publié un rapport présentant le RN comme la "courroie de transmission" de la Russie.
Tondelier va demander des "clarifications"
Au micro de BFMTV-RMC, Marine Tondelier pointe du doigt les ingérences russes. "Dès qu’ils voient une petite faiblesse, une petite faille en France, ils vont encourager ce parti pour le faire monter parce qu’ils veulent déstabiliser notre démocratie", dénonce-t-elle.
Si la patronne des Écologistes craint que "tout le monde ne puisse pas dire ce qu'il à dire" à l'Élysée ce jeudi, et "en particulier le président de la République", elle profitera de la présence du RN pour "demander des clarifications". "Je pense qu’ils doivent sortir de l’ambiguïté sur le sujet", déclare-t-elle, jugeant que dans le cas contraire "il faudra considérer que sur ce dossier, ils sont des ennemis".