Et si Hollande se présentait sans passer par la case primaire?

François Hollande à Aysguesvives, dans le sud-ouest de la France. - Guillaume Horcajuelpo - AFP
On le sait, François Hollande n’aime rien tant que le calcul politique. Si sa volonté d’annoncer sa candidature, malgré les velléités présidentielles de son Premier ministre, ne suscite plus de doute, les modalités du lancement de sa campagne sont maintenues dans le flou. A commencer par la date: comme le souligne le JDD, chaque proche du président a la sienne.
Pourquoi pas jeudi?
Le 10 décembre a été évoqué. On pense aussi au 4 décembre. Ce jour-là, le président de la République reviendra à peine d’une conférence internationale sur le patrimoine culturel à Abu Dhabi, dans les Emirats arabes unis, et pour le moment, il est entièrement libre dans l’agenda élyséen. Mais, depuis le début de cette semaine, une dernière possibilité a été pointée du doigt: Pourquoi pas ce jeudi? Au lendemain d’une visite en République tchèque, François Hollande a prévu de décorer, entre autres, les médaillés olympiques et paralympiques des Jeux de Rio en ce premier jour du mois de décembre. Entre temps, le président pourrait annoncer sa candidature au cours d’un déplacement en région, peut-être en Corrèze, glisse RTL ce mardi sur ses ondes.
La seconde question porte sur la forme de la candidature. Jusqu’ici, le scénario présenté voulait que François Hollande passe par la primaire de la gauche. Il devait y défendre son bilan, et sa nomination par les sympathisants de la majorité, au milieu des Arnaud Montebourg, Benoit Hamon, Marie-Noëlle Lienemann et consorts. Sauf que la donne a un peu changé.
Sans passer par la primaire?
Désormais, ils sont nombreux dans l’entourage du chef de l’Etat à le pousser à se présenter directement à la présidentielle, et donc à court-circuiter la primaire. Jean-Pierre Mignard, ami et avocat de François Hollande, a ainsi déclaré à la radio RTL:
"François Hollande peut échapper à la primaire parce qu’il est président de la République" et que "le président sortant n’a pas à se présenter devant un conseil de famille mais devant le peuple tout entier."
Dans une interview accordée au journal Les Echos ce mardi, le ministre de l’Agriculture, porte-parole du gouvernement et fidèle de François Hollande, Stéphane Le Foll, l’assure:
"Ça fait quatre ans et demi qu’il y a un débat au sein de la gauche. Faire une primaire pour refaire ce débat, ça ne sert à rien. Ceux qui le pensent font une erreur colossale."
Un changement de pied qui ne fait pas que des heureux, loin de là. Lundi, sur France Inter, Aurélie Filipetti, députée élue en Moselle et ancienne ministre de la Culture débarquée du gouvernement en 2014, s’est agacée. Celle qui est aussi la compagne d’Arnaud Montebourg, candidat à la primaire de la gauche, a lancé:
"Une candidature de François Hollande hors primaire, ce serait inimaginable et intolérable."
Mais en politique, imagination et seuil de tolérance sont souvent affaire de point de vue et de circonstances.