Erreur judiciaire : 797 352 euros d’indemnités pour Loïc Sécher

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Les indemnités de Loïc Sécher, 51 ans, qui a passé sept ans et trois mois derrière les barreaux après avoir été accusé à tort de viols sur une adolescente, ont été fixées mardi par la cour d'appel de Rennes à 797 352 euros en compensation des préjudices matériel et moral subis.
La cour d'appel de Rennes a fixé à 197 352,32 euros le préjudice matériel et à 600 000 euros le préjudice moral pour Loïc Sécher, le septième homme acquitté en révision en France depuis 1945.
Lors de l'audience du 6 juillet devant la cour d'appel de Rennes, son avocate Me Alice Cohen-Sabban, du cabinet Dupond-Moretti, a réclamé 2,4 millions d'euros alors que le défenseur de l'agent judiciaire du Trésor, Me Philippe Billaud, a proposé une indemnisation totale de l'ordre de 600 000 euros.
La mère de Loïc Sécher a obtenu mardi 50 000 euros de préjudice moral et ses deux frères et sa soeur 30 000 euros chacun. La demande de la famille d'une indemnisation pour le père de Loïc Sécher, mort lors du séjour en prison, a été jugée irrecevable.
Loïc Sécher n'avait jamais passé d'aveux
En raison de contraintes judiciaires, « M. Sécher n'a pu être aux côtés de son père, mort de chagrin le 31 mars 2011 », avait plaidé Me Cohen-Sabban lors de l'audience.
Condamné en 2003 à 16 ans de réclusion pour des viols et agressions sexuelles dont l'avait accusé Emilie, une adolescente de 14 ans, qui s'est rétractée en 2008, Loïc Sécher, qui a toujours clamé son innocence et n'a jamais fait d'aveux, a vu sa condamnation annulée en 2010. Il est sorti de prison en avril 2010. Il a été définitivement acquitté en juin 2011.
Originaire de Loire-Atlantique, il réside désormais dans le Finistère avec pour tout revenu le RSA, 417 euros par mois.
Le nom de Loïc Sécher avait été suggéré à la victime
Le procès de cette erreur judiciaire à la cour d'assises de Paris a remis en cause certaines méthodes d'enquête et présupposés de la justice sur les accusations d'abus sexuels.
L'affaire reposait sur les accusations d'une adolescente perturbée psychologiquement, qui s'est rétractée en 2007, et qui a répété à l'audience de Paris qu'elle avait menti. L'adolescente avait répété d'abord ses accusations devant les gendarmes, le juge d'instruction et les deux cours d'assises. Une expertise psychiatrique la jugeant « crédible » était venue appuyer l'accusation.
Le procès a montré que des adultes, enseignants, gendarmes, psychiatres et parents, avaient en fait suggéré le nom de Loïc Sécher à la jeune fille, qui a accepté de jouer le rôle de la victime pour se libérer d'une situation d'embarras personnel où elle était dans son collège. Loïc Sécher a aussi été victime de son homosexualité, assimilée à la pédophilie par un expert du dossier.