Eric Woerth fragilisé par de nouvelles accusations

Empêtré depuis des mois dans l'affaire Bettencourt, le ministre du Travail Eric Woerth doit répondre à de nouvelles accusations de trafic d'influence à même de le fragiliser une semaine avant la présentation de la réforme des retraites à l'Assemblée natio - -
PARIS (Reuters) - Empêtré depuis des mois dans l'affaire Bettencourt, le ministre du Travail Eric Woerth doit répondre à de nouvelles accusations de trafic d'influence à même de le fragiliser une semaine avant la présentation de la réforme des retraites à l'Assemblée nationale.
L'ancien ministre du Budget a démenti mardi avoir demandé en mars 2007 à Nicolas Sarkozy de faire en sorte que Patrice de Maistre obtienne la Légion d'honneur pour services rendus à l'UMP, provoquant une nouvelle salve de commentaires politiques.
Si la majorité dénonce une "chasse à l'homme", l'opposition appelle à sa démission avec de plus en plus d'insistance.
La Légion d'honneur de l'homme de confiance de Liliane Bettencourt est au centre de l'enquête en ce qu'elle accrédite les soupçons de proximité entre l'exécutif et l'héritière de L'Oréal, par ailleurs importante donatrice de l'UMP.
Eric Woerth était le trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy et du parti présidentiel jusqu'au 30 juillet dernier avant d'en démissionner sous la pression.
Selon l'Express et le Canard enchaîné, les enquêteurs de la Brigade financière, sous l'autorité du procureur de Nanterre Philippe Courroye, auraient découvert récemment un courrier d'Eric Woerth à Nicolas Sarkozy intercédant en faveur de Patrice de Maistre pour qu'il obtienne la Légion d'honneur.
Eric Woerth a déclaré mardi qu'il était confronté à "une entreprise de démolition inédite dans la Ve République à laquelle je dois faire face moi et mes proches".
"Ça s'effondrera comme tout", a-t-il déclaré en marge d'une réunion de jeunes militants de l'UMP à Port-Marly (Yvelines).
"Je n'ai jamais menti à qui que ce soit et que ce soit cette lettre ou autre chose, je n'ai jamais menti ni aux Français ni évidemment à la justice", a-t-il assuré.
Pour le chef de file des députés UMP, Jean-François Copé, le ministre du Travail est victime d'"une vraie chasse à l'homme".
Eric Woerth n'est "pas fragile du tout" et "parfaitement clair" sur le dossier des retraites, a déclaré l'ancien ministre sur Canal +.
"FORME D'INHUMANITÉ"
L'examen en séance par les députés de la réforme des retraites débutera le 7 septembre pour une durée d'une semaine environ. Ce même jour, syndicats et partis de gauche ont appelé à descendre dans la rue pour protester contre ce texte.
Laurence Parisot, présidente du Medef, a demandé le respect de la présomption d'innocence et mis en garde contre une "forme d'inhumanité" envers le ministre du Travail.
"Sur cette affaire il serait bon de rappeler la présomption d'innocence. C'est un principe fondamental de notre droit auquel chacun de nous a droit", a-t-elle déclaré sur RTL.
"Attendons que la justice dise son point de vue, c'est à la justice de juger. Il est tout à fait normal qu'on débatte du sujet, qu'on en parle, mais attention à la violence qui est utilisée", a-t-elle mis en garde. "Il y a une forme d'inhumanité dans la façon dont les choses sont dites."
Le député socialiste Pierre Moscovici a déclaré se poser des questions à propos d'une éventuelle intervention du ministre pour permettre à Patrice de Maistre d'avoir la Légion d'honneur.
"La première c'est pourquoi l'a-t-il fait ? (...) La deuxième chose c'est pourquoi a-t-il nié hier être intervenu en ce sens ?", s'est-il interrogé sur Radio classique.
Comme l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle de 2007, Ségolène Royal, qui avait jugé lundi sur France Inter que le maintien d'Eric Woerth au gouvernement était un "scandale", Marine Le Pen, vice-présidente du Front national, estime qu'Eric Woerth aurait déjà dû démissionner.
Elle voit en lui "en quelque sorte le chef d'orchestre de ces trafics d'influence qui touchent d'ailleurs l'ensemble des membres du gouvernement".
"Il y a un faisceau de présomptions qui est terrifiant pour lui", a-t-elle estimé sur LCI.
"M. Woerth a menti et le président de la République a menti et ceci est évidemment absolument scandaleux. Ils n'ont plus aucune morale publique et M. Woerth en est la démonstration", a insisté la dirigeante d'extrême droite.
"M. Woerth aurait dû démissionner depuis bien longtemps, encore faut-il pour démissionner avoir la conscience d'avoir mal fait, le problème c'est qu'ils n'ont plus aucun sens de rien".
Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse