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Retraites: pour Patrick Buisson, "on a assisté à un jeu de rôles" entre "le pouvoir et l'intersyndicale"

Patrick Buisson sur BFMTV-RMC le 19 avril 2023

Patrick Buisson sur BFMTV-RMC le 19 avril 2023 - BFMTV

L'ex-conseiller de Nicolas Sarkozy juge que les deux parties se sont livrées à une confrontation d'apparence de laquelle elles sortent toutes deux gagnantes.

Depuis trois mois, l'exécutif défend fermement sa réforme des retraites, tout juste promulguée par le président de la République il y a quatre jours. En face, les syndicats prônent l'unité pour pousser le camp présidentiel à abandonner son texte. Ils ont organisé de nombreuses mobilisations d'ampleur et se réuniront de nouveau le 1er mai, pour une journée qu'ils espèrent historique.

Mais cette confrontation n'en serait pas une, selon Patrick Buisson.

"Il y a une complicité objective entre le pouvoir et l'intersyndicale", juge l'essayiste de droite, qui vient de publier un livre, intitulé Décadanse.

"Jeu de rôle"

Pour lui, "chacun est gagnant-gagnant dans un jeu de rôle que l'on connaît par cœur ". L'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy avance un "objectif commun":

"Enterrer le mouvement des gilets jaunes", une "protestation incontrôlable qui a donné tant de sueurs à la fois à l'exécutif et aux syndicats", selon lui, "puisqu'elle sortait des canons ordinaires de la revendication sociale".

Patrick Buisson poursuit son analyse, en estimant que dans cette séquence, syndicats et exécutif "ont parfaitement réussi l'un et l'autre". Les premiers ont "retrouvé du lustre", juge-t-il, quand le second a "pu jouer la fermeté, attirer à lui le parti de l'ordre (Les Républicains, ndlr)".

Pour celui qui prodigue parfois ses conseils à Éric Zemmour, les exemples de "ce jeu de rôle" sont nombreux. Il revient sur le contrat première embauche (CPE), défendu par le gouvernement de Dominique de Villepin en 2006, sous Jacques Chirac, puis finalement abandonné face au mouvement social. Nicolas Sarkozy était alors ministre de l'Intérieur.

"C'est l'objectif de tout pouvoir politique"

A l'époque, il s'agissait de "tirer profit de l'agitation sociale", selon Patrick Buisson. "Au moment des manifestations, Nicolas Sarkozy dit ‘c’est une opportunité, nous allons produire de l’image'", rapporte-t-il. Il s'agit alors, d'après lui, de "créer des brèches dans les manifestations pour que les casseurs, les pilleurs puissent pendant un court instant s’en prendre […] au mobilier urbain, sans que la police n’intervienne".

Objectif de la manœuvre: "déconsidérer le mouvement". Malgré la gravité de ces déclarations, Patrick Buisson va plus loin estimant que "c'est l'objectif de toute police et de tout pouvoir politique".

En 2014, il avait été condamné à verser 10.000 euros à Nicolas Sarkozy, après avoir enregistré à son insu l'ex-président de la République. Avant de sortir un essai, La Cause du peuple, en 2016, dans lequel il accusait déjà l'ancien patron de la place Bauveau d'avoir laissé se dérouler des émeutes lors des manifestations contre le CPE.

Baptiste Farge