Hollande au Parlement européen: "il n'y a pas d'autre solution qu'une Europe forte"

Crise des réfugiés et guerre en Syrie étaient au menu des discours de François Hollande et de Angela Merkel, qui ont répondu à l'invitation du président Martin Schulz, mercredi devant le Parlement européen de Strasbourg. Une intervention historique puisque c'est seulement la deuxième fois que le couple franco-allemand, souvent considéré comme le moteur de l'Union européenne, s'adresse ainsi aux eurodéputés. Hollande et Merkel ont ainsi succédé à François Mitterrand et Helmut Kohl, venus quelques semaines seulement après la chute du Mur de Berlin en 1989.
Ce mercredi, François Hollande a estimé que l'Europe avait "tardé" à mesurer l'ampleur des "tragédies" au Proche-Orient et en Afrique qui ont déclenché la pire crise migratoire en Europe depuis 1945.
"L'Europe s'est employée à sauver des vies, à lutter contre les filières criminelles" profitant de l'afflux de réfugiés mais "l'Europe a tardé à comprendre que les tragédies au Proche-Orient et en Afrique auraient des conséquences pour elle", a affirmé François Hollande devant les députés européens.
Hollande cite Mitterrand
"Voilà des années que l'Europe affronte une succession de crises", a poursuivi François Hollande. Cette fois, "c'est une crise humanitaire à laquelle nous faisons face" et, comme "à chaque crise, des peurs se manifestent. Il y a une tentation de repli national" mais "il n'y a pas d'autre solution qu'une Europe forte pour garantir notre propre souveraineté. (...) François Mitterrand avait dit: 'le nationalisme c'est la guerre', son avertissement vaut encore aujourd'hui. Je vais ajouter: le souverainisme c'est le déclinisme."
"Le débat, il n'est pas entre moins d'Europe et plus d'Europe, il est entre l'affirmation de l'Europe ou la fin de l'Europe", a-t-il estimé. "Oui, la fin de l'Europe. C'est-à-dire le retour des frontières nationales, le démantèlement des politiques communautaires, l'abandon de l'euro". C'est pourquoi François Hollande a appelé à la "solidarité vis-à-vis des réfugiés" et à la "solidarité entre États européens".
"Les jihadistes en veulent à ce que nous représentons"
Le président français a aussi mis en garde contre "une guerre totale" si l'Europe n'agissait pas en Syrie et dans la région. "Si nous laissons les affrontements religieux s'amplifier, ne pensons pas que nous serons à l'abri: ce sera une guerre totale", a averti François Hollande devant les députés européens.