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Hollande à Izieu: "Le repli et l'isolement sont des poisons mortels pour une nation"

François Hollande lors de son discours à Izieu ce lundi.

François Hollande lors de son discours à Izieu ce lundi. - BFMTV

Vingt ans après François Mitterrand, le chef de l'Etat se rend à la Maison d'Izieu, dans l'Ain, pour commémorer le 71e anniversaire de la rafle par la Gestapo des 44 enfants juifs qui y avaient trouvé refuge avant de disparaître dans les camps de concentration.

Une nouvelle occasion pour le chef de l'Etat de dénoncer l'antisémitisme. Vingt ans après François Mitterrand, François Hollande est arrivé ce lundi matin à la Maison d'Izieu, dans l'Ain, pour commémorer le 71e anniversaire de la rafle par la Gestapo des 44 enfants juifs qui y avaient trouvé refuge avant de disparaître dans les camps de concentration.

François Hollande est le premier président de la République à se rendre dans ce lieu transformé en musée de la mémoire, depuis la visite, le 24 avril 1994, de son prédécesseur socialiste François Mitterrand qui en avait fait un des "grands projets" de sa présidence.

"La barbarie n'a pas d'âge, pas de couleur, pas de limite"

Lors de son discours, François Hollande Hollande mis en garde lundi contre la montée "des fondamentalismes religieux" mais aussi la tentation du "repli" et de "l'isolement", "poison mortel pour une nation".

"A chaque fois, ce sont des juifs qui sont tués parce qu’ils sont juifs, des chrétiens parce qu’ils sont chrétiens, et des musulmans parce qu’ils sont musulmans, a-t-il poursuivi.

"La barbarie n’a pas d’âge, pas de couleur, pas de limite, a prévenu le chef de l'Etat. Et plus que jamais, l’histoire nous livre ses leçons, pour le présent. Elle nous rappelle qu’il y a besoin de combattants pour prévenir et pour vaincre le fanatisme."

Une flèche en diagonale vers le FN

Evoquant ceux qui ont exprimé "leurs doutes" lors des élections départementales marquée par une forte poussée du Front national, le président Hollande a mis en garde contre "le repli et l'isolement qui sont toujours des poisons mortels pour une nation".

"Personne ne peut imaginer que la République serait à ce point fragile, que la France devrait se barricader, s’enfermer à double tour, fuir les échanges plutôt que de se rendre compte avec fierté de nos talents, de notre culture, de notre capacité industrielle, mais aussi de la richesse de notre diversité," a poursuivi le chef de l’Etat.

Extension de la maison, devenue trop étroite

Accompagné de la ministre de l'Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, et du secrétaire d'État chargé des Anciens Combattants et de la Mémoire, Jean-Marc Todeschini, il doit inaugurer cette fois une extension de la maison devenue trop étroite pour accueillir les quelque 26.000 visiteurs qui viennent s'y recueillir chaque année, parmi lesquels de nombreux groupes scolaires.

En présence notamment d'une dizaine d'anciens pensionnaires, le chef de l'État doit prononcer un discours à l'issue de cette visite qui s'inscrit dans la suite de ses nombreux déplacements mémoriels depuis un an pour le centenaire de la guerre de 14-18 et du 70e anniversaire de la Libération.

Rafle ordonnée par Klaus Barbie

Sur ordre de Klaus Barbie, les 44 enfants juifs d'Izieu, âgés de 4 à 12 ans, avaient été raflés par la Gestapo de Lyon le 6 avril 1944 avec leurs sept éducateurs, juifs également, avant d'être déportés puis exterminés dans les camps d'Auschwitz-Birkenau (Pologne) et de Reval (Estonie). Seule une éducatrice avait survécu.

Entre mai 1943 et avril 1944, la colonie d'Izieu, fondée par Sabine Zlatin, résistante juive d'origine polonaise, a accueilli une centaine d'enfants orphelins, dont certains ont ensuite été pris en charge par des familles d'accueil.

Le spectre de l'antisémitisme

Comme lors de tous ces déplacements mémoriels, "l'intervention du président vise à rappeler cette histoire et surtout à en donner le sens", indique son entourage. En présence notamment d'une dizaine d'anciens pensionnaires, il doit en particulier souligner l'importance de la transmission de la mémoire à l'école, quatre mois après les attentats de Paris, qui ont fait ressurgir le spectre de l'antisémitisme.

Cette visite doit être l'une des dernières du cycle de commémorations mémorielles en France, qui s'achèvera le 27 mai avec l'entrée au Panthéon de quatre grandes figures de la Résistance: Germaine Tillon, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay. Auparavant, le 26 avril, à l'occasion de la Journée nationale de la déportation, François Hollande se rendra au camp de Struthof, dans le Bas-Rhin, où furent déportés 160.000 personnes, juifs et résistants.

C. P. avec AFP