Masseret, l'homme qui résiste à Valls et Cambadélis

Jean-Pierre Masseret - JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN - AFP
Depuis l'appel officiel de Manuel Valls et de Jean-Christophe Cambadélis au retrait de la liste PS en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, Jean-Pierre Masseret incarne la résistance socialiste aux logiques d'appareil.
Les pressions, "sur moi ce sera sans effet, je ne lâcherai rien", promet ce vieux routier de la politique nationale, malgré les SMS reçus de Matignon. Sur place, les fédérations PS qui ont oeuvré contre lui se disaient "optimistes" mais cet ancien champion de marathon peut tenir la distance. En témoigne le maintien de sa candidature, malgré les 71 désistements parmi ses colistiers, qui lui a valu le retrait de son investiture.
"Je suis un homme de gauche et vous n'imaginez quand même pas que je vais laisser 5,5 millions d'habitants gérés entre une droite qui est partie à l'extrême ou l'extrême droite nationaliste", lançait Jean-Pierre Masseret dimanche soir, une fois les résultats connus. Et ce malgré la menace à peine voilée du patron du PS de le voir finir sa carrière politique sur un couac monumental. "Je porte la défense d'intérêts, je ne m'accroche pas à un poste", a-t-il répondu sans polémiquer.
"Je suis un homme digne, je suis un homme engagé"
A 71 ans, fort d'un CV d'élu bien rempli, le président du conseil régional de Lorraine, également sénateur de Moselle, n'a plus peur malgré son faible score du premier tour (16,11%). "On me manque de respect", assène-t-il sur Europe 1. Ses proches le dise "têtu et obstiné". D'autres présentent un "homme de valeurs". Lui se dit "touché" et s'avoue "meurtri" de la situation.
Derrière ses lunettes rondes, ses yeux bleus fatigués trahissent les nuits courtes et les discussions longues. "Vous imaginez bien que pour moi c'est extrêmement difficile d'être dans cette situation d'espèce de confrontation avec mon propre parti", lançait-il lundi soir à la télévision. Et de se défendre face aux accusations de Manuel Valls, son ami: "Je suis un homme digne, je suis un homme engagé, je suis un homme qui croit à ses valeurs et aux engagements qu'il a pris".
Secrétaire d'Etat de Lionel Jospin
Marié, trois enfants et deux petits-enfants, il est né à Cusset, dans l'Allier. Mais c'est à la Lorraine que cet homme, qui n'a jamais caché son appartenance à la franc-maçonnerie, doit toute sa carrière politique. L'ancien inspecteur des impôts a décroché son premier mandat en 1979 au conseil général de Moselle - observant, élection après élection, la poussée du parti d'extrême droite.
Élu sénateur de Moselle en 1983, il n'a quitté les bancs du palais du Luxembourg qu'une fois, entre 1997 et 2001, le temps d'enfiler le costume de secrétaire d'État aux Anciens combattants sous le gouvernement Lionel Jospin. A ce poste, il a tout fait pour que la guerre d'Algérie soit reconnue en tant que telle. Quant au conseil régional de Lorraine, il y est entré en 1986 et en a arraché la présidence à la droite en 2004, porté par la "vague rose". A l'issue, déjà, d'une triangulaire avec l'UMP et le Front national.