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Présidentielle

L'UOIF, l'organisation musulmane, au coeur du débat de l'entre-deux-tours

Marine Le Pen a répété à plusieurs reprises qu'Emmanuel Macron était soutenu par l'UOIF, l'Union des organisations islamiques de France. Un soutien déjà démenti par le candidat d'En Marche!.

C'est l'une de ses attaques récurrentes. Pour Marine Le Pen, Emmanuel Macron a obtenu le soutien de l'UOIF, l'Union des organisations islamiques de France. Un élément qu'elle a répété à plusieurs reprises mercredi soir lors du débat de l'entre-deux-tours, notamment lorsque les candidats ont abordé les questions de sécurité et de lutte contre le terrorisme. A l'instar d'autres sujets, l'échange a été tendu, voire agressif. "Il faut éradiquer l’idéologie du fondamentalisme islamiste et vous ne le ferez pas parce que vous êtes soumis à eux", a lancé la candidate du Front national, assurant que son adversaire du second tour avait "reçu le soutien de l'UOIF".

Cette fédération musulmane, créé en 1983, regroupe plus de 250 associations musulmanes réparties sur le territoire. Elle prône "une lecture authentique et ouverte de l’islam", prenant en compte "le contexte socio-culturel dans la pratique et les discours religieux". On lui prête des liens avec l'Islam politique et d'être la vitrine, en France, des Frères musulmans. Ce que démentent activement les responsables de l'UOIF. Depuis quelques semaines, ils reviennent également sur les accusations de Marine Le Pen, qui réclame, par ailleurs, la dissolution de l'UOIF, qu'elle qualifie "d'organisation de fondamentalistes".

"L’UOIF dénonce ce mensonge éhonté qui revient de façon lancinante. Nous avons du respect à l’égard de monsieur Emmanuel Macron mais n’avons pas de liens particuliers avec son mouvement, écrivait le 26 avril dernier l'UOIF dans un communiqué appelant à voter Macron pour "faire barrage à la menace incarnée par les idées de Madame Le Pen".

Des liens avec le FN, selon Macron

Il y a quelques jours, le porte-parole du candidat d'En Marche! s'agaçait déjà des attaques de Marine Le Pen. Une nouvelle fois mis en cause mercredi soir sur cette relation, Emmanuel Macron a nié tout lien avec l'organisation. "Je ne soutiens pas l’UOIF et je vous dis, et redis, que je démantèlerai toutes les associations qui invitent à la violence, à la haine, à la division et qui font le jeu des jihadistes", a martelé le candidat d'En Marche!.

Avant de renvoyer ces accusations à son envoyeur: "Si l’UOIF prononce, invite, mène des activités contraires aux lois de la République je la ferai interdire. Je ne connais pas les dirigeants de l’UOIF, je ne les ai jamais rencontrés. A ma connaissance, le dernier parti politique qui les a fait participer à un colloque, c’est le Front national avec monsieur Aliot", vice-président du FN.

En terme de sécurité et de lutte contre le terrorisme, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont livrés à une vraie passe d'armes. La candidate du Front national, qui promet la fermeture des frontières si elle est élue, s'en est pris aux mesures appliquées pendant le quinquennat de François Hollande, qu'elle estime être l'héritage de son adversaire. "Arriver à laisser sur le territoire 11.000 fichés S pour fondamentalisme islamiste, 11.000! Ca c’est aussi le bilan de votre gouvernement, c’est une véritable honte", s'emporte-t-elle.

Le piège de la guerre civile

Son adversaire a lui assuré que "depuis novembre 2015 des contrôles aux frontières ont été rétablis pour lutter contre les terroristes et qui ont permis l'arrestation de plus de 70.000 personnes". Pour autant, fermer les frontières serait inefficace selon lui alors que des pays, qui ne sont pas dans Schengen, "ont été frappés de la même façon que nous par les attentats et par le terrorisme". "Ce que vous proposez, comme d’habitude, c’est de la poudre de perlimpinpin", a-t-il ironisé, avant d'appeler à un renforcement du renseignement et la coopération internationale.

Poursuivant, Emmanuel Macron estime que Marine Le Pen porte "la guerre civile". "Lutter contre les terroristes, ça n’est en aucun cas céder à leur piège. Le piège de la guerre civile, celui qu’ils nous tendent, celui que vous portez en divisant les Français, en insultant les Français et les Françaises à cause de leur religion", s'est ému le candidat d'En Marche!, estimant que Daesh souhaiterait la victoire du FN. Pour cela, il s'appuie sur les travaux du chercheur, spécialiste du jihadisme, Gilles Kepel. 

"Le projet explicite des jihadistes, tel qu’on peut le constater en consultant leurs sites et leurs tchats, consiste à favoriser la victoire de l’extrême droite, afin de convaincre les musulmans que la France est un pays raciste, que l’intégration est une impasse et qu’il leur faut se rassembler derrière les plus radicaux d’entre eux", expliquait à Marianne mardi le chercheur.

Justine Chevalier