Primaire PS à Marseille: retour sur une crise interne

Pendant la campagne, Marie-Arlette Carlotti n'avait pas hésité à poster une photo d'elle avec un gilet pare-balles. Prémonitoire? - -
Avec plus de 20.000 votants, la primaire PS à la municipale de Marseille est un succès populaire. Arrivée en tête, la "gamine des quartier Nord", Samia Ghali, affrontera dimanche le député PS Patrick Mennucci pour une place face à l'UMP Jean-Claude Gaudin, en mars prochain.
Sous le vernis d'un scrutin mobilisateur, des couacs d’organisation et la sortie virulente de Marie-Arlette Carlotti, dénonçant "le fonctionnement à plein du clientélisme", sont venus assombrir l’événement, obligeant une fois de fois de plus l’exécutif à intervenir pour éviter un nouveau pataquès. Retour sur la longue journée de vote à Marseille.
Acte1: listes bancales, bureaux fermés et mini-bus
La journée avait commencé par un bureau de vote fermé. La raison? Le président, qui n’habite pas Marseille, avait perdu son chemin. Mais dans un autre du 15e arrondissement – le secteur de Samia Ghali - "des discordances de dates de naissance" sur la liste d'émargement, ont été constatées. La dizaine de personnes concernée "n'a pas voté", ont rapidement fait savoir les organisateurs. Ce ne sont que des "problèmes techniques ", a désamorcé le président de la Haute autorité à la primaire, Jean-Pierre Mignard. C’était sans compter un nouveau souci peu de temps après. Des minibus affrétés par Samia Ghali ont conduit des votants dans certains bureaux des 15e et 16e arrondissements de la cité phocéenne.
Vers 16 heures, l'ensemble de ces contre-temps obligent les organisateurs à ouvrir les bureaux de vote une heure supplémentaire. Le camp de la ministre déléguée aux personnes handicapées, Marie-Arlette Carlotti, bruisse déjà de possibles recours déposés à l’issue du scrutin.
Acte 2: Carlotti met le feu
Coup de tonnerre à Marseille. Marie-Arlette Carlotti jette un pavé dans la marre tandis que les résultats se font toujours attendre. La candidate socialiste dénonce le "fonctionnement à plein régime du clientélisme".
Remontée, Marie-Arlette Carlotti évoque "un sentiment d’impunité, à la vue de tous, avec des dizaines de mini-bus qui sillonnent la ville, avec des échanges d’argent, des intimidations".
Implicitement visée, Samia Ghali ne réagit pas et la ministre n’en dit pas plus, réservant ses prochaines déclaration pour après la proclamation des résultats.
Acte 3: Samia Ghali proclame sa victoire
Avant même que les chiffres soient officiels, Samia Ghali affirme avoir remporté la primaire. Il est 22h30. "J'avais les résultats, je devais les donner à mes électeurs", explique-t-elle sur BFMTV. "Il y a 5.000 voix pour moi, je n'ai pas le reste, j'ai 1.000 voix d'avance".
Réagissant aux accusations de Marie-Arlette Carlotti, Samia Ghali lui demande de "respecter la démocratie". Les co-voiturages ? "Il me semble que c'est écologique non? ", se contente-t-elle de répondre, euphorique. Ce n'est qu'une paire d'heures plus tard que la Haute Autorité des primaires confirmera son succès.
Très vite, Patrick Mennucci confirme qu’il est le deuxième candidat encore en lice pour le second tour. "J'appelle au rassemblement pour tourner la page de Jean-Claude Gaudin", lance-t-il.
Acte 4: Carlotti rallie Mennucci et... n'en dit pas plus
23 heures et des poussières. Marie-Arlette Carlotti prend à nouveau la parole. Va-t-elle faire des révélations fracassantes? Non. Elle annonce simplement son ralliement à Patrick Mennucci.
"Au regard de la situation, je demande aux électeurs de soutenir Patrick Mennucci au second tour", déclare-t-elle, sobrement.
Acte 5: Et Jean-Marc Ayrault passa par là...
Que s’est-il passé dans le camp de Marie-Arlette Carlotti? Un début de réponse arrive aux alentours de minuit. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a appelé la candidate éconduite à plusieurs reprises, avant et après ses déclarations incendiaires, lui demandant notamment "de se calmer" et de rallier Patrick Mennucci.
Le président de la République ne s’est pas mêlé directement du cas mais a suivi avec attention le déroulé des événements. En route pour l’Afrique du Sud, le chef de l’Etat aurait fait connaître sa position, par téléphones interposés, par la voix du premier secrétaire du PS, Harlem Désir.
"Qu’elle dise ce qu’elle sait ou qu’elle se taise", déclare le chef de file des députés PS Bruno Le Roux, lundi matin, après que Matignon a fait savoir que la place de Marie-Arlette Carlotti au gouvernement n’est pas menacée. Chacun semble appeler l'apaisement de ses voeux.
Acte 6: Et maintenant, le second tour?
L’exécutif refuse un scrutin polémique et prône "le rassemblement". Désormais, la consigne donnée en haut lieu est de faire bloc derrière le député Patrick Mennucci. D’autant plus que "Paris" ne croit pas en la capacité de Samia Ghali à emporter l’élection fasse à Jean-Claude Gaudin.
Las, les couacs de dimanche ne devraient pas rester sans suite. Selon nos informations, le camp de Marie-Arlette Carlotti prévoit bien de déposer un dossier devant la Haute Autorité à la primaire, mardi soir ou mercredi. En attendant, la ministre arpente les rues de Marseille en compagnie de Patrick Mennucci. Et personne ne sait si son téléphone sonne encore.