Élections municipales 2026: à Bordeaux, Hurmic joue la montre face à des adversaires divisés

Le maire écologiste de Bordeaux, Pierre Hurmic, le 4 juillet 2023 à l'Élysée. - Ludovic MARIN / AFP
Un député, Thomas Cazenave, une ministre démissionnaire, Nathalie Delattre, un ancien adjoint d'Alain Juppé, Pierre De Gaétan Njikam, et, depuis mercredi, un économiste, le très médiatique Philippe Dessertine : à Bordeaux, ils sont nombreux à vouloir s'engager dans la bataille des municipales contre l'écologiste Pierre Hurmic, candidat encore officieux à sa succession.
"La situation oppose deux camps qui, pour l'un, ne s'est pas remis de sa défaite et, pour l'autre, ne s'est pas remis de sa victoire", résume Ludovic Renard, enseignant à Sciences Po Bordeaux. Le premier s'était scindé en 2020. Le macroniste Thomas Cazenave n'avait rallié Nicolas Florian, dauphin d'Alain Juppé, qu'au second tour - en vain: après 73 ans de règne de la droite alliée au centre, la ville avait basculé. Les deux hommes semblaient partis, cette fois, pour s'entendre mais le décès soudain de Nicolas Florian en janvier a rebattu les cartes au sein d'une opposition "en mal d'incarnation", selon le politologue.
Les candidatures y ont fleuri sur fond d'appels à l'union, opposant au premier chef Thomas Cazenave à la ministre démissionnaire du Tourisme et présidente par intérim du Parti radical, Nathalie Delattre.
"Le mieux placé"
Le premier a été rejoint récemment par une concurrente, Alexandra Siarri, ancienne adjointe d'Alain Juppé puis de Nicolas Florian - un autre, Pierre De Gaétan Njikam, reste en lice. Mais Nathalie Delattre, égrenant ses soutiens, revendique "le rassemblement le plus large" du centre à la droite.
"Je ferai tout pour que nous puissions partir unis", affirme celle qui redeviendra sénatrice, dans l'immédiat, si elle n'est pas du prochain gouvernement. "Je ferai tout pour l'union mais à un moment donné, il faut être deux", rétorque celui qui fut ministre des Comptes publics - et ne veut pas d'un nouveau portefeuille.
Lui s'estime "le mieux placé", rappelant sa réélection l'an dernier dans une circonscription qui couvre "la moitié de Bordeaux", et brandissant un sondage, commandé par Renaissance, qui lui était favorable en avril. En faut-il un autre pour trancher le leadership? D'après une indiscrétion de La Tribune Dimanche, les deux prétendants avaient accepté cette proposition venue de Paris mais Mme Delattre l'a écartée dernièrement devant la presse bordelaise. "Il faut se méfier des sondages", abondait son allié, le patron local du MoDem, Fabien Robert.
Une campagne qui ne porte pas son nom
Reste que le temps presse, comptes de campagne obligent. Pour Nathalie Delattre, l'union doit se faire d'ici novembre. Trop tard, juge Thomas Cazenave, d'accord pour "tout mettre sur la table" des négociations, mais sans attendre. Ce dernier s'y prendrait mal. " Pour lui, c'est tout de suite et tu la boucles. Delattre veut sortir par le haut en assurant ses arrières, elle veut qu'on lui parle poliment", estime un cadre centriste parisien qui voit bien Hurmic réélu. "Il n'a pas de catogan, il ne vend pas des graines au marché, il est catho... Il n'a rien de suffisamment urticant pour ne pas repasser", juge-t-il.
Le maire, lui, patiente. "Ma décision est prise mais je l'annoncerai au moment opportun, ni trop tôt ni trop tard", répète-t-il, entrant en campagne sans le dire. "Quand vous voyez l'état dans lequel s'achève le macronisme... Cela devrait susciter une certaine retenue", lance-t-il à ses adversaires. "Je prendrai ce qui vient", ajoute-t-il, espérant que l'économiste Philippe Dessertine, entré dans la course mercredi, "relève le niveau du débat".
Lui-même n'est pas à l'abri des divisions: plusieurs élus de sa majorité, dont deux adjointes, appellent à "l'unité à gauche" pour 2026. "Ce n'est pas à l'ordre du jour", répond Pierre Hurmic au sujet de la proposition d'alliance de La France Insoumise, soutien de Philippe Poutou (NPA) qui aobtenu trois élus en 2020. "Il n'ouvre pas pleinement la porte, sans la fermer complètement non plus", commentent Lucie Hemond et Nordine Raymond, chefs de file LFI, qui n'attendront pas éternellement.Evoquant les derniers résultats bordelais du parti - devant les Verts aux européennes - ils jugent la ville "mature pour une gauche de rupture" et élaborent, avec d'autres, un programme - la tête de liste sera pour fin octobre.