Le Sénat, l’autre enjeu des municipales

Les élections municipales pourraient indirectement faire basculer le Sénat à droite. - -
A la surprise générale, Jean-Pierre Bel a annoncé mercredi qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat à la tête du Sénat. Les candidats pour lui succéder sont déjà légion.
A droite, Gérard Larcher s’est déjà déclaré candidat à une éventuelle primaire, lors de laquelle il pourrait affronter l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.
A gauche, François Rebsamen semble le mieux placé, mais des challengers comme Didier Guillaume ou Jean-Pierre Sueur pourraient se lancer. Mais pour l’instant, chacun préfère se montrer prudent, pour une simple et bonne raison: personne n’est aujourd’hui en mesure de dire de quel bord politique sera le Sénat en septembre prochain.
"Il faudrait un raz-de-marée"
En ce sens, les élections municipales des 23 et 30 mars prochains revêtent une importance toute particulière, les sénateurs étant en partie élus par les membres des conseils municipaux.
A gauche, le sentiment est d’ailleurs partagé. "Je pense que l’on doit pouvoir garder le Sénat, sauf bérézina aux municipales. Il faudrait vraiment un raz-de marée", estime Jean-Pierre Sueur (PS), qui ne semble pas particulièrement inquiet de l’impopularité chronique du gouvernement. "Il faut défendre ce qu’on a fait, on ne gagne pas une élection en s’excusant".
Les municipales "seront une épreuve terrible pour la gauche"
Le ton est radicalement différent du côté de François Patriat, sénateur socialiste de Côte-d’Or et un temps pressenti pour succéder à Jean-Pierre Bel. "Je ne comprends pas l’euphorie de certains au PS, qui pensent qu’on a déjà gagné les municipales", déclare-t-il. Pour lui, l’action gouvernementale sera un handicap certain : "je ne vois pas les Français dissocier le vote local du vote national. Ces élections vont être une épreuve terrible pour la gauche".
Cet ancien proche de Dominique Strauss-Kahn va même plus loin. "Comment voulez-vous gagner le Sénat en ponctionnant toujours plus les collectivités locales ? Et en plus, pour en faire quoi ?" s’interroge-t-il, malgré sa "volonté de gagner" les prochaines sénatoriales. Une référence directe aux nombreux blocages du Palais du Luxembourg depuis le début du quinquennat.
Jean-Pierre Bel "ne veut pas être taxé de défaitiste"
C’est pour cette raison que Jean-Pierre Bel, premier président socialiste de la Vème République, laissera un bilan mitigé de ses trois ans de mandat. A-t-elle précipité son départ ? "Je m’interroge sur le retrait de Jean-Pierre Bel", poursuit François Patriat. "Le moment est mal choisi. Juste avant les municipales, à quoi ça sert ? Quand je pense à tout le chemin parcouru pour y arriver", souffle-t-il.
Un autre élu socialiste, sous couvert d’anonymat, donne une autre version. "Jean-Pierre Bel ne veut pas que l’on croit qu’il réagit après un éventuel échec aux municipales. Donc autant le dire maintenant, et ne pas être taxé de défaitiste."
La droite devra grappiller 12 sièges
On l’aura compris, les municipales s’avèreront déterminantes. La réforme du mode d'élection des sénateurs, votée en juin 2013, a donné davantage de poids aux communes de plus de 30 000 habitants . Elle a également instauré la proportionnelle pour les départements qui éliront trois sénateurs, au lieu de quatre précédemment. Du coup, la droite, qui possède six sièges de moins que la gauche, devra finalement en reconquérir 12. Pas de quoi céder à l’euphorie,cependant, dans les rangs socialistes.