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Résultats législatives: Damien Abad réélu dans l'Ain

En grande difficulté sur la scène nationale depuis son entrée au gouvernement, le ministre des Solidarités est réélu haut la main dans l'Ain. Accusé de deux viols et d'une tentative de viol, il obtient 57,86% des suffrages.

Un retour aux sources payant après des semaines de tourmente. Accusé de viol par deux femmes au lendemain de son entrée au gouvernement, ce qu'il nie, puis de tentative de viol par une troisième femme mercredi dernier Damien Abad est largement réélu avec 57,86% des suffrages au second tour des élections législatives dans la 5e circonscription de l'Ain. Il l'emporte face à Florence Pisani, la candidate Nupes (42,14%).

Très implanté dans le département, Damien Abad avait été réélu haut la main en 2017 pour un second mandat en récoltant 56% des voix au second tour face au Parti socialiste. Mais à l'époque, le ministre des Solidarités concourrait sous l'étiquette des Républicains, dont il a été jusqu'il y a peu le patron du groupe à l'Assemblée, avant son entrée au gouvernement en tant que ministre des Solidarités.

La donne a cependant changé lors de la présidentielle sur ces terres historiquement de droite: Marine Le Pen a récolté 27,4% des voix au premier tour, cinq points devant Emmanuel Macron. Au second tour, le président ne l'a devancée que de 0,3 point.

Une candidature marquée par des accusations

Accusé de trahison par son ancien camp, le ministre ne semble pas avoir pâti du contexte politique. Depuis le début de sa campagne soutenue par la majorité présidentielle, Damien Abad est pourtant visé par des accusations de viols par deux femmes, révélées par Mediapart le lendemain de son arrivée au gouvernement.

Une première femme, âgée de 41 ans, dénonce anonymement des faits qui se seraient déroulés lors d’une soirée à l’automne 2010, au cours de laquelle l'élu l'aurait "droguée" avant de se retrouver avec lui "dans une chambre d’hôtel", "en sous-vêtements", en "état de choc et de dégoût profond", selon son récit.

Une deuxième femme qui accuse le ministre a porté plainte de son côté en 2017 avant que la procédure ne soit classée sans suite. Elle témoigne de faits qui se seraient déroulés début 2011, évoquant une relation sexuelle d’abord consentie puis contrainte, empreinte "d’irrespect, d’injonction et d’insistance" et d'une "pénétration anale imposée".

Mercredi dernier, nos confrères révèlent une nouvelle affaire. Une élue centriste, accuse le ministre d'avoir tenté de lui imposer une fellation lors d'une fête organisée chez lui, à Paris, au premier semestre 2010.

De son côté, Damien Abad a nié les accusations et écarté tout départ du gouvernement.

"Un homme innocent doit-il démissionner? Je ne le crois pas", a-t-il avancé lors d'une conférence de presse trois jours après la publication du premier article de Mediapart.

"C'est une tentative de déstabilisation politique", a dénoncé son entourage auprès de BFMTV. "Une campagne de caniveau", a-t-il dénoncé lui-même dans l'entre-deux-tours.

Ces affaires ont mis en difficulté Élisabeth Borne, quelques jours à peine après sa nomination à Matignon. La Première ministre a indiqué n'avoir été "au courant de rien" dans le cadre des deux premières affaires. Après la révélation de la troisième, interpellée lors d'un déplacement dans le Calvados, elle a répondu ne "pas être juge" et réitéré, comme elle l'avait déjà fait, son appel aux victimes présumées à "déposer plainte".

Marie-Pierre Bourgeois