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Européennes: à un mois du scrutin, le difficile début de campagne de LaREM

Nathalie Loiseau en meeting à Aubervilliers, le 30 mars 2019

Nathalie Loiseau en meeting à Aubervilliers, le 30 mars 2019 - Stéphane de Sakutin - AFP

Dans les sondages, la liste LaREM, emmenée par Nathalie Loiseau, fait jeu égal avec celle du Rassemblement national.

Fin mars, le meeting d'Aubervilliers devait donner le coup d'envoi officielle de la campagne LaREM pour les élections européennes. Quatre jours après sa nomination comme tête de liste, l'ancienne ministre Nathalie Loiseau avait réuni ses soutiens et ses alliés aux Docks de Paris devant plusieurs milliers de personnes. Depuis, plus rien. Ou presque.

Comme tous les autres partis, la liste de la majorité souffre de l'absence d'intérêt pour les élections qui auront lieu le 26 mai prochain en France. D'après les sondages publiés ces dernières semaines, la participation pourrait atteindre un niveau très bas, autour de 40%. En 2014, lors du précédent scrutin, ce taux avait atteint près de 42%. 

Au coude-à-coude dans les sondages

Par ailleurs, la liste menée par Nathalie Loiseau ne fait pas de différences. Si la stratégie d'Emmanuel Macron, qui vise à opposer un bloc progressiste à un bloc nationaliste a, semble-t-il, fonctionné – les autres partis restent en retrait dans les sondages – elle n'a pas permis de distancer la liste du Rassemblement national.

Deux jours après l'officialisation de sa candidature, la liste de l'ancienne ministre des Affaires européennes faisait la course en tête à égalité avec celle emmenée par Jordan Bardella, avec 22% des projections. Un mois plus tard, le constat est le même. La liste de La République en Marche alliée au Modem récolterait 23,5% des voix devant la liste du Rassemblement national, à 21%, selon un sondage publié le 21 avril. 

"Sa campagne ne démarre pas, sa campagne a des ratés", estime Christophe Barbier, éditorialiste politique de BFMTV. Après avoir suspendu sa campagne en raison de l'incendie de Notre-Dame, comme tous les autres partis, elle n'a toujours pas repris, note-t-il.

Gilets jaunes et Notre-Dame

Plus généralement, la crise des gilets jaunes a pesé sur la campagne de la majorité. Depuis son premier grand meeting, la liste de Nathalie Loiseau souffre de l'emploi du temps imposé par le mouvement de contestation et le président de la République. Ces dernières semaines ont ainsi été rythmées par la fin du grand débat national.

"On attend Emmanuel Macron et les annonces de restitution du grand débat national", rappelle Christophe Barbier.

Le chef de l'Etat doit prendre la parole jeudi lors d'une conférence de presse à l'Elysée après avoir repoussé une première fois son allocution prévue le soir de l'incendie de la cathédrale Notre-Dame. "Pendant ce temps-là, il n'y a pas de tête de liste, il n'y a pas de campagne, c'est au point mort", analyse-t-il. 

La campagne de Nathalie Loiseau risque donc d'être très rapide. "Elle va révéler son programme le 9 mai, journée de l'Europe. Ça va être le sprint", explique Christophe Barbier. Ce temps fort n'aura lieu que trois semaines avant le vote, même si quelques mesures ont d'ores-et-déjà été présentées, à l'image de l'instauration "d'un Smic dans tous les pays de l'Union européenne".

Loiseau rattrapée par son passé d'étudiante

Sur ce court laps de temps, l'ancienne ministre devra réussir à mieux se faire connaître des électeurs. Selon un sondage publié le 22 avril, l'ex-directrice de l'ENA est moins connue que Benoît Hamon, qui dirige la liste Génération.s. 42% des Français ont confié ne pas la connaître ou ne pas se prononcer, contre 18% pour son opposant.

Autre caillou dans la chaussure de Nathalie Loiseau. Lundi, le site d'investigation Mediapart a révélé que l'ancienne ministre des Affaires européennes avait été inscrite sur une liste d'extrême droite lors d'une élection étudiante à Sciences-Po, il y a 35 ans. La tête de liste LaREM a été obligée de se défendre, admettant une "erreur". Mais cela n'a pas suffi pour éteindre la polémique immédiatement exploitée par ses adversaires. 

"Nathalie, paye ta cotis'!", a ainsi ironisé de son côté Jordan Bardella, tête de liste Rassemblement national, invité du groupe Nice Matin. "Cela démontre surtout l'imposture autour de ces gens", a-t-il ajouté.

"Je laisse chaque Français juge de se demander si après de telles révélations, on peut encore faire confiance à une personne comme Mme Loiseau, et si après un tel double discours il peut y avoir encore le moindre crédit qui s'attache à ses paroles", a réagi pour sa part Laurent Wauquiez, le président de LR.

Benjamin Rieth