EDITO - Le gouvernement lave plus blanc que blanc

Jean-François Achilli, directeur de la rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV - -
La réserve parlementaire sera bientôt de l’histoire ancienne: "Oui, nous allons le faire, ce sera au mois d’octobre, à la prochaine loi de finances", confie un ministre poids lourd du gouvernement, confirmant au passage les informations parues dans le JDD. La réserve parlementaire est une coutume qui remonte à une quarantaine d’années: 92 millions d’euros sont dédiés aux députés, 58 millions aux sénateurs, pour subventionner des associations locales, ou des petits travaux dans leurs communes. Une sorte de saupoudrage ou de clientélisme utile, qui se pratiquait jusqu’à l’an passé dans une opacité totale et de façon inégalitaire. Certains piliers disposaient de sommes conséquentes, allant jusqu’à 150.000 euros, contre 30.000 pour un jeune élu.
Le champion toutes catégories est Philippe Marini?
La cagnotte du sénateur UMP de l’Oise est montée à près de quatre millions d’euros certaines années, pour le plus grand bonheur de sa ville de Compiègne. Philippe Marini qui s’est par ailleurs rendu jeudi dernier à Bercy avec Gilles Carrez pour réclamer des comptes à Pierre Moscovici dans l’affaire Cahuzac.
Aujourd'hui, chaque parlementaire touche la même chose?
130.000 euros chacun, conséquence de la réforme de Claude Bartolone, le président de l’Assemblée. Avec la publication obligatoire des dépenses à la fin de chaque exercice budgétaire.
Alors, c'est fini, le robinet sera coupé l'an prochain?
Pas sûr: le gouvernement veut ramener ces 160 millions d’euros dans les caisses de l’Etat. Mais pour cela, il faut faire voter des députés et des sénateurs qui n’ont peut-être pas envie de perdre cette belle enveloppe, pas négligeable pour se faire réélire.
Pourquoi l'exécutif veut supprimer cette coutume?
"On a l’impression que l’Elysée essaie de se refaire une virginité sur le dos du Parlement", s’étonne un haut responsable socialiste, qui raconte la dernière plaisanterie qui circule dans les couloirs de l’Assemblée: "Ayrault a sans doute envie de se faire sortir de Matignon par le haut, par une belle motion de censure"…
Autre coup de sang entendu au Palais Bourbon, "s’ils veulent rendre les députés fous de rage, qu’ils continuent". Les parlementaires sont inquiets: les Français risquent d’approuver ce projet de suppression, comme ils soutiennent aujourd’hui la publication des patrimoines. François Hollande va surfer sur la fin des privilèges pour tenter de reconquérir une opinion qui lui est toujours hostile.
Ecoutez ici les Coulisses de la Politique de Jean-François Achilli.
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Jean-François Achilli
Directeur de la rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV
Il intègre la rédaction de France Inter en 1998, puis le service politique en 2000, dont il prend la direction en septembre 2008. Il rejoint RMC en décembre 2012 comme directeur de la rédaction et éditorialiste RMC/BFMTV.
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