EDITO - Cahuzac démissionne et change de ring

Jean-François Achilli, Directeur de la Rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV - -
Dès qu’il a pris connaissance du communiqué du parquet à 16h, l’encore ministre du Budget a paru durement encaisser le choc, assis sur son banc dans l’hémicycle à l’Assemblée. Sa décision était prise, une heure plus tard, un coup de fil à Jean-Marc Ayrault. "Il était 17h", raconte un témoin à Matignon, "nous étions à peine rentrés de Rome. C’était rapide. Jean-Marc Ayrault a salué son courage et son travail accompli à la tête du ministère du Budget". Dans la foulée, Jérôme Cahuzac a appelé le chef de l’Etat: "Je crois qu’il est plus simple de présenter ma démission". Aussitôt acceptée par François Hollande": quelques mots d’encouragement, et une première annonce à l’AFP juste avant 19h, François Hollande "a mis fin aux fonctions de Jérôme Cahuzac à sa demande". Bernard Cazeneuve a aussitôt été nommé au Budget. Enfin à 19h26, le communiqué officiel: le président a salué celui qui a œuvré pour "le redressement des comptes de la France, avec talent et compétence". Pour Jérôme Cahuzac, la page s’est tournée en seulement trois heures, après trois mois de tourmente.
François Hollande s'y était préparé?
"C’est une hypothèse que nous avions déjà évoquée, à plusieurs reprises, nous en avions parlé avec lui. Il était plus simple pour lui et pour le gouvernement qu’il démissionne", a expliqué mardi soir l’entourage direct du président, en évoquant "un très bon ministre du Budget", qui a pris une décision "courageuse", conforme à "la logique d’exemplarité" voulue par François Hollande.
A ce stade de l'enquête, c'est la présomption d'innocence qui prévaut...
C’est bien là tout le problème: Jérôme Cahuzac, mis en cause par le site d’information Médiapart, à ce jour, n’est pas mis en examen. L'information judiciaire est ouverte contre X, pas contre Cahuzac, a rappelé un proche du président. Le juge disposera de plus amples moyens pour enquêter peut désormais entendre l’ex-ministre comme simple témoin, ou témoin assisté, voire le mettre en examen. De ce contexte, l’Elysée était pleinement conscient.
François Hollande a voulu déminer le terrain?
Oui, avant le discours que Jean-Marc Ayrault va prononcer mercredi après-midi à l’Assemblée, pour répondre à la motion de censure que va défendre Jean-François Copé au nom de l’UMP. Et surtout avant la prochaine intervention télévisée présidentielle, prévue dans les jours qui viennent. François Hollande a voulu débrancher ce qui allait vite devenir une affaire d’Etat, alors que l’enquête ne fait que se poursuivre, pour Jérôme Cahuzac, qui a écrit dans la soirée: "cela ne change rien ni à mon innocence ni au caractère calomniateur des accusations lancées contre moi. C’est à le démontrer que je vais désormais consacrer toute mon énergie". La morale de cette affaire, quelle qu’en soit l’issue, c’est à la justice d’en décider, est que le soupçon aura eu raison du droit.
|||Jean-François Achilli
Directeur de la rédaction de RMC et éditorialiste RMC/BFMTV
Il intègre la rédaction de France Inter en 1998, puis le service politique en 2000, dont il prend la direction en septembre 2008. Il rejoint RMC en décembre 2012 comme directeur de la rédaction et éditorialiste RMC/BFMTV.
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