Divisés, les jeunes de l'ump choisissent leur chef avant 2012

par Clément Guillou
PARIS (Reuters) - Si l'UMP dit ne pas douter de son candidat à l'élection présidentielle, les jeunes militants du parti majoritaire se déchirent sur l'identité de celui qui devrait présider leur mouvement dans la perspective de 2012.
Les accusations de tricherie ont perturbé la course de Benjamin Lancar à sa réélection à la tête des Jeunes Populaires, mouvement qu'il a médiatisé mais dont les valeurs se sont évaporées, jugent ses détracteurs.
Six Jeunes Populaires se présentent au scrutin organisé les 20, 21 et 22 août et le week-end suivant. Si aucun candidat n'obtient la majorité absolue des voix au premier tour, les deux premiers se départageront dans un second tour.
Le conseiller régional d'Ile-de-France, âgé de 24 ans, est favori pour sa propre succession. Les conditions de son élection en 2008, lorsque ses principaux adversaires avaient été, selon eux, poussés au ralliement par le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand, étaient rocambolesques.
Celles de sa probable réélection ne le sont pas moins.
Les "Jeunes Pop" exposent au grand jour leurs différends et l'UMP, à l'inverse de ce qui s'est passé il y a deux ans, ne semble plus vouloir organiser la victoire de Benjamin Lancar.
"TOTALE DÉMOCRATIE INTERNE"
L'air vicié de la campagne a poussé le parti majoritaire à rappeler à l'ordre ses adhérents de moins de 30 ans, qui garnissent automatiquement les rangs des Jeunes Populaires.
"J'ai le regret de constater que diverses personnes (...) outrepassent les limites acceptables de la polémique électorale", leur a écrit début août Patrice Gélard, de la Commission d'organisation et de contrôle des opérations électorales de l'UMP.
Les débats entre les six candidats ne sont pas politiques. Tous disent soutenir Nicolas Sarkozy pour 2012.
Mais Benjamin Lancar est accusé de verrouiller le scrutin depuis l'élection des CNJP (conseillers nationaux des Jeunes Populaires), les grands électeurs qui voteront ce week-end pour désigner leur président.
Des irrégularités ont été dénoncées sur des blogs ou dans les médias par plusieurs adhérents ou candidats. Ils l'accusent pêle-mêle de filtrer les candidatures, d'utiliser les ressources du mouvement pour gagner des voix, et témoignent du vote de non-adhérents ou de fausses procurations.
"Ce scrutin a été plus transparent que jamais", s'est défendu Benjamin Lancar sur Lemonde.fr.
"Nous sommes dans une totale démocratie interne: il y a une commission de recours, or je constate qu'elle n'a pas été beaucoup saisie par les gens qui protestent".
Un seul recours a été déposé, en Seine-Saint-Denis. Il a été validé, permettant finalement à Mike Borowski, candidat le plus critique de Benjamin Lancar, de se présenter à l'élection.
"HEC, SCIENCES-PO ET PARIS 16E"
Les adversaires du président sortant l'accusent de "parisianisme" et d'avoir oublié les valeurs sarkozystes.
"Les jeunes de droite ne se reconnaissent plus dans les Jeunes Pop", affirme Mike Borowski à Reuters. "Aujourd'hui, pour compter chez les Jeunes Populaires, il faut être HEC, Sciences-Po et Paris 16e".
Le nombre d'adhérents aurait ainsi chuté, selon les détracteurs du président sortant, à environ 16.000, contre 37.000 après l'élection de Nicolas Sarkozy. Selon Benjamin Lancar, il reste à l'UMP 25.000 militants de moins de 30 ans.
Critiqué en interne pour avoir parfois adopté une rhétorique de gauche, ce dernier s'est illustré cette année par quelques déclarations plus représentatives de la "droite décomplexée".
"Retour au travail pour les barbus de Sud", écrit-il sur Twitter à l'issue de la grève à la SNCF en avril.
En pleine affaire Bettencourt-Woerth, il dénonce le "trotskiste" Edwy Plenel, fondateur du site d'investigation Mediapart.
Benjamin Lancar évoque "l'islamisation" de l'équipe de France de football, "une équipe de racailles, de caïds (...) où il y a eu des tensions ethniques".
Le "lipdub" du mouvement, vu un million de fois sur la plateforme de vidéos Dailymotion, lui a valu des réprobations et une amende pour avoir oublié de payer des droits d'auteur.
Une baignade dans la Seine au moment du sommet de Copenhague sur le climat a mené les "Jeunes Pop" au poste de police.
"Des campagnes de communication destinées au microcosme journalistique parisien, des campagnes qui, certes, font parler de nous mais nous nuisent en terme d'image et de crédibilité", juge sur son blog Aurore Bergé, porte-parole du mouvement et seule femme candidate à la présidence.
Edité par Yves Clarisse